La séquence malheureuse de la liaison Gaspésie-Côte-Nord se poursuit. Le président et directeur général de la Société des traversiers du Québec (STQ), Stéphane Lafaut a révélé mardi que le navire Apollo, qui assurait la connexion entre Matane, Baie Comeau et Godbout, ne sera plus utilisé.

Le traversier a connu deux accidents en quelques semaines, frappant successivement les quais de Godbout le 25 février puis celui de Matane samedi dernier. Dans les deux cas, l'avant de la coque du navire a été endommagé.

L'Apollo, construit en 1970, a été acheté en janvier dernier au coût de 2,1 millions de dollars pour relever d'urgence le F.-A. Gauthier, retiré de la circulation pour plusieurs mois. Depuis sa mise en service le 14 février, l'Apollo n'aura navigué que 21 journées sur le fleuve Saint-Laurent, et ce, en incluant les jours où sont survenus les deux accidents.

M. Lafaut affirme avoir avisé ce matin le ministre des Transports François Bonnardel de sa décision, prise «en raison du risque élevé de bris potentiel sur un navire d'un tel âge et de l'ampleur des travaux nécessaires afin de [le] remettre en état».

Selon le patron de la STQ, en incluant son achat, sa mise en service et ses nombreuses réparations, l'Apollo aura coûté au trésor québécois quelque 3,5 millions de dollars.

«Comme plusieurs, je suis déçu de la tournure des événements», a dit M. Lafaut en point de presse.

En janvier, a-t-il assuré, «la STQ a acheté un navire fonctionnel», qui était «en opération au Canada, opéré par une entreprise canadienne, donc soumis à la même réglementation que la STQ».

«Il était certifié par toutes les autorités au niveau de son état de navigabilité. Il s'agissait d'un achat de bonne foi dans un contexte d'urgence», a-t-il ajouté.

Ce contexte, c'est le retrait de la circulation depuis le 17 décembre du F.-A.-Gauthier, un navire acheté en 2015 au coût de 175 millions et qui a connu de multiples bris mécaniques depuis son entrée en fonction. Aucune date de remise en service n'est encore avancée dans son cas. Ce sont des problèmes de propulseurs qui ont causé son arrêt de service jusqu'à nouvel ordre ; la cause de ces problèmes n'a toujours pas été trouvée, a révélé Stéphane Lafaut ce mardi.

Ce dernier a plusieurs fois répété que, même si l'Apollo était le seul navire disponible en janvier dernier, il respectait à ce moment toutes les normes réglementaires de l'industrie.

«Jamais la sécurité des employés ou des clients n'a été à risque», a insisté M. Lafaut.

Une navette aérienne assurera une liaison entre les deux rives sept jours sur sept pour une durée indéterminée. En outre, le CTMA Voyageur prendra la relève maritime à compter de ce jeudi pour soulager les services de transports par camion.