Certains sont venus de Drummondville, d'autres de Châteauguay, de Repentigny, voire de Québec. Ils étaient 15 à avoir répondu à l'appel lancé sur la page Facebook «Gilets Jaunes Québec», malgré l'heure matinale et malgré le froid, pour une première action inspirée du mouvement de protestation qui secoue la France depuis plus de deux mois.

C'est le camionneur quinquagénaire de Repentigny Stéphane Thibault qui a eu l'initiative de faire écho, par l'entremise d'un groupe Facebook, aux manifestations françaises.

«Trudeau démission», appelait le slogan au dos de son gilet jaune, dimanche. Il a tenu à souligner que le groupe n'avait aucune revendication commune et que «chaque gilet jaune a sa propre injustice à dénoncer».

Pour Alexe «The Wolf» Gosselin, proche du groupe d'extrême droite La Meute et propriétaire du lave-auto qui servait de lieu de rendez-vous aux protestataires, le problème, c'est ce qu'elle perçoit comme la politique des frontières ouvertes du gouvernement Trudeau. «[Justin Trudeau] met le pays en danger en laissant entrer Daech.»

Stéphane Thibault, lui, souhaite changer le système d'imposition canadien afin que les Québécois puissent soustraire les taxes qu'ils paient à leur impôt sur le revenu.

Annie, qui affirme avoir pris part à plusieurs manifs de La Meute, est choquée par la mauvaise qualité des services publics financés par ses impôts. Elle fait également sien le slogan anti-immigration «Les nôtres avant les vôtres».

Revendications

Quoi qu'ils en disent, la quinzaine de manifestants de dimanche se ralliaient derrière quelques revendications et dénonciations communes. Ils en voulaient tous à Ottawa d'avoir signé le Pacte sur les migrations, en décembre, à Marrakech. À leurs yeux, cela équivaut à céder la souveraineté de leur pays à l'ONU.

Autre point commun : ils en appellent à des référendums d'initiative citoyenne, seul gage d'une démocratie réelle, selon eux.

Ils dénoncent tous la taxation excessive. «Trop de taxes sur mes biscuits», affirmait le gilet jaune porté par Buddy, le chien d'un couple venu de Québec pour dénoncer l'immigration illégale et la menace qu'elle pose notamment sur la santé publique.

Enfin, la quinzaine de manifestants ont tous une vision plutôt positive de Donald Trump et de la manière dont il «défend les frontières de son pays».

«On sera de plus en plus nombreux»

La page Facebook du mouvement compte un peu plus de 2000 membres. Mais dimanche, à 11h, deux heures après l'heure du rendez-vous, ils n'étaient que 15 à faire la liste de leurs indignations, tantôt dans le stationnement du lave-auto, tantôt à l'intérieur, pour se réchauffer.

Peu importe : cette réunion n'est qu'un début, a fait valoir Yandel, un artiste visuel qui a peint un triangle jaune sur son visage, signe du caractère pacifique de son engagement, assure-t-il. «On sera de plus en plus nombreux jusqu'à ce que le Canada vire jaune au complet!»

La propriétaire du lave-auto, qui avait eu l'initiative de la rencontre, avait une métaphore pour décrire son geste. «J'ai lancé l'oeuf, il a été cassé ici, et maintenant il va se répandre partout.»