(Montréal) Plusieurs cours d’eau sont sous surveillance au Québec en raison des risques d’inondation. La Sécurité civile demeure aux aguets à l’approche d’un important système dépressionnaire qui pourrait laisser de grandes quantités d’eau sur son passage dans la province d’ici à mardi.

En Beauce, un embâcle sur la rivière Chaudière près d’un pont à Saint-Georges et l’augmentation du niveau de la nappe phréatique ont provoqué des inondations de sous-sols dans la nuit de samedi à dimanche. Des équipes de la Sécurité civile ont été déployées sur le terrain dimanche afin d’évaluer la situation. Les résidences dont les sous-sols ont été inondés sont situées sur le bord de l’eau, dans les zones inondables 0-20 ans, a indiqué Jean Savard, directeur du Centre des opérations gouvernementales au ministère de la Sécurité publique.

La situation pourrait se détériorer en Beauce puisque Environnement et Changement climatique Canada a lancé un avertissement de pluie intense pour les secteurs de Saint-Georges, Sainte-Marie et Lac-Etchemin à compter de dimanche soir. De 25 à 40 millimètres de pluie sont attendus, selon les prévisions météo, alors que le sol est encore gelé et a une capacité réduite pour absorber cette quantité d’eau.

Cet avertissement de fortes quantités de pluie touche aussi toutes les villes le long du fleuve Saint-Laurent, notamment entre Montréal et Québec, alors que plus au nord et à l’est, c’est de la neige qui est attendue, dont 15 centimètres à Baie-Comeau sur la Côte-Nord.

Le météorologue Antoine Petit d’Environnement et Changement climatique Canada a expliqué qu’un très vaste système dépressionnaire qui provient du sud de l’Ontario a fait son entrée au Québec par l’Outaouais et devait atteindre la région de Montréal en fin de journée, puis se diriger vers Québec en soirée et poursuivre sa trajectoire vers la Beauce au cours de la nuit de dimanche.

Le même système dépressionnaire pourrait laisser de 15 à 25 centimètres de neige ailleurs sur son passage.

« On a des avertissements de neige abondante plus au nord, souligne le météorologue. On parle du Témiscamingue, de la réserve faunique La Vérendrye, du Saguenay-Lac-Saint-Jean en allant vers le littoral nord de la Gaspésie et de la Côte-Nord au complet. Plus au sud ce sera de la pluie, de la vallée de la Haute-Gatineau et du Pontiac vers Montréal, en passant par l’Estrie et toute la vallée du Saint-Laurent vers Québec et la Beauce. »

Bref, personne ne sera épargné et avant même l’arrivée de cette pluie quelques inondations mineures avaient été observées à Saint-Eustache, dans les Laurentides, près du lac des Deux Montagnes ainsi qu’à Rigaud, en Montérégie.

Au niveau des équipes sur le terrain, des experts gouvernementaux travaillent depuis plusieurs semaines déjà sur les façons d’anticiper comment va se passer la crue printanière.

Les risques d’embâcles ont cependant diminué avec la fonte d’une grande partie du couvert de glace sur les rivières, particulièrement dans le sud-ouest du Québec, a souligné M. Savard de la Sécurité civile.

Il note que sur la rive nord du Saint-Laurent, dans les régions des Laurentides, de Lanaudière, en Mauricie et même plus au nord de Québec, il y a encore des rivières avec des couverts de glace, mais que la belle journée de samedi et les températures des derniers jours ont fait en sorte que la glace s’effrite plus facilement.

Il n’en demeure pas moins qu’avec la pluie des prochains jours, les citoyens sont appelés à aviser rapidement leurs autorités municipales lorsqu’ils constatent un « mouvement spontané d’un cours d’eau ou une hausse marquée du niveau de l’eau » dans leur secteur.

Même le premier ministre du Québec François Legault, a voulu se montrer rassurant. « On a une équipe qui suit de près les inondations », a-t-il dit lors d’un point de presse en marge du lancement des célébrations entourant le 75e anniversaire d’Hydro-Québec. « Les prévisions sont inquiétantes et on a des équipes qui vont suivre ça partout. »

M. Legault a aussi invité les maires à ne pas hésiter à faire appel à la Sécurité publique s’ils sentent qu’il y a le moindrement des besoins.

Pour sa part, le météorologue Antoine Petit rappelle que ce système dépressionnaire gorgé d’humidité, de pluie et neige, rappelle que le Québec est encore en période de transition avant les douceurs du printemps et les chaleurs estivales.