Interpellée par des maires inquiets, la Fédération québécoise des municipalités (FQM) demande au Mouvement Desjardins un moratoire sur les fermetures de guichets automatiques et de comptoirs de services dans la province.

Le président de la FQM, Jacques Demers, a écrit hier au président du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, pour solliciter la création d'un comité mixte avec des représentants de l'institution financière et du monde municipal, pour discuter de solutions qui permettraient de conserver dans les petites communautés ce qu'il considère comme des «services essentiels».

En attendant la création du comité, la FQM réclame la suspension des autres fermetures prévues par Desjardins.

«La disparition de ces services suscite des inquiétudes majeures dans toutes les régions. Il faut que les besoins du milieu soient mieux écoutés», souligne Jacques Demers, qui est aussi maire de Sainte-Catherine-de-Hatley, en Estrie, et préfet de la MRC de Memphrémagog.

M. Demers fait écho aux doléances des maires de plusieurs municipalités, dans différentes régions, qui ont dénoncé la disparition des services de Desjardins dans un texte publié hier dans La Presse.

Le président du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, s'est dit prêt, lundi, à discuter de certaines solutions avec les élus municipaux. M. Cormier n'était pas disponible, hier, pour répondre à nos questions sur les demandes de la FQM.

«Nous tenons à souligner que nous sommes très sensibles à la réalité des régions, a fait savoir une porte-parole de M. Cormier dans une réponse transmise par courriel. Nous souhaitons continuer de regarder avec la Fédération les solutions qui peuvent s'appliquer dans l'évolution de notre réseau, dont la présence de nos guichets automatiques [...].»

Pas juste des colonnes de chiffres

«Au-delà des coûts pour garder les guichets automatiques, il faut leur faire comprendre l'importance de ces services pour notre développement économique, dit M. Demers. Les décisions ne peuvent pas juste être prises en fonction de colonnes de chiffres.»

Plusieurs MRC sont même prêtes à financer le maintien de guichets automatiques dans leurs communautés, indique le président de la FQM. L'utilisation des deniers municipaux pour payer les équipements d'une institution financière est une idée controversée, mais il estime que les élus pourraient convaincre les citoyens du bien-fondé d'une telle décision.

«C'est clair que la présence d'une institution financière est positive pour l'économie, ça entraîne des retombées, c'est un service essentiel», fait-il valoir.

Même s'ils s'indignent, certains représentants municipaux se gardent d'être trop sévères à l'endroit de Desjardins. «Ce sont eux qui sont partout sur notre territoire, on ne veut pas les écraser», dit le président de la FQM.

Depuis cinq ans, le nombre de guichets a diminué de 18% et le nombre de points de services Desjardins, de 20% dans l'ensemble du Québec.

«Ils ne respectent plus leur mission»

Reprenant les critiques lancées par plusieurs maires, qu'il a lui-même formulées à quelques reprises, l'ancien président du Mouvement Desjardins, Claude Béland, a accusé l'institution coopérative de renier ses origines en se retirant des petites localités.

«Ils ne respectent plus leur mission, qui était de donner des services financiers à tous ceux qui en ont besoin, déplore M. Béland. Les caisses ne fonctionnent plus comme une coopérative, il n'y a plus de démocratie, ce ne sont plus les membres qui prennent les décisions.»

Celui qui a présidé Desjardins pendant 13 ans, jusqu'en 2000, se désole de voir que «le membre a été transformé en client». «Les fermetures vont se poursuivre, malheureusement», prédit-il.