La coalition Touche pas à mes régions! se dit exaspérée par les compressions du gouvernement Couillard dans les régions du Québec et parle de saccage des outils régionaux. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase est la fermeture des Forums jeunesse, annoncée plus tôt cette semaine.

Au cours d'une entrevue jeudi, le maire de Gaspé et porte-parole de la coalition, Daniel Côté, a exprimé son ras-le-bol, affirmant que la fermeture des Forums jeunesse n'est qu'une parmi «l'ensemble d'à peu près 50 coupures qu'on a recensées et qui font davantage mal dans les régions».

«Il y a d'autres exemples dans les logements sociaux, les Conférences régionales des élus, les Centres locaux de développement, les coupures dans le milieu municipal, c'est pratiquement infini, la liste est longue. Et il y a aussi les modifications dans les Carrefours jeunesse emploi, les coupures dans les cégeps, les universités, c'est large, large, large», s'est-il exclamé.

«À la longue, ça devient de plus en plus fatigant; ça devient de plus en plus lourd. Et on se demande quand va se terminer ce saccage-là des outils de développement régionaux», ajoute le porte-parole de Touche pas à mes régions!

Le gouvernement du Québec a annoncé plus tôt cette semaine qu'il confierait le mandat et les fonds des Forums jeunesse aux Carrefours jeunesse emploi.

Dans le cas des Forums jeunesse, le maire Côté déplore d'autant plus la fermeture que ces organisations dans les régions «faisaient un travail extraordinaire pour ramener les jeunes en régions». Plusieurs régions, en effet, vivent un exode des jeunes qui partent souvent pour leurs études vers les grandes villes. Or, «si on veut les ramener, il faut les séduire, il faut aller les chercher. Et c'est entre autres ce travail-là que faisaient nos Forums jeunesse. Donc c'est hyper important en régions», plaide le maire de Gaspé.

À Québec, devant la Commission des relations avec les citoyens, le premier ministre Philippe Couillard a justifié la fermeture des Forums jeunesse d'abord par le contexte budgétaire.

Cette décision s'explique par la volonté d'atteindre «l'équilibre budgétaire et la révision des programmes de l'État», a répondu le premier ministre au député péquiste Dave Turcotte qui l'interrogeait à ce sujet. «On doit prendre des décisions difficiles», a-t-il ajouté.

Puis il a ajouté un autre motif, celui voulant que le gouvernement «veut privilégier la mission plutôt que les structures».

«Est-ce qu'on a vraiment besoin de deux structures différentes pour entrer en contact avec les jeunes?» a demandé M. Couillard. Il a indiqué que plutôt que d'avoir 19 Forums jeunesse, il y aura «101 Carrefours jeunesse emploi» qui seront là pour les servir. «Il faut apprendre au Québec à arrêter les structures multiples», a opiné le premier ministre.

Des représentants des régions ont rencontré le premier ministre Couillard il y a quelques semaines. «Les coupures, le premier ministre est très au courant de ce qu'on en pense. Par contre, malgré les dialogues qu'on a pu avoir, il n'en demeure pas moins que les coupures continuent de se faire sans consultation des acteurs concernés», a rapporté le maire Côté.

M. Côté avait cru déceler des «signaux encourageants» dans les discours du premier ministre et du ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, mais «ces signaux-là sont contrecarrés par de nouvelles coupures qui viennent nous affecter de plein fouet», rapporte-t-il.

Cette coalition Touche pas à mes régions! a une structure informelle; elle rapporte des membres dans sept régions du Québec et 10 500 personnes qui l'appuient pour sa cause de la défense des régions.

L'Union des municipalités du Québec, par la voie de sa Commission des jeunes élus, a aussi exprimé son inquiétude.

«Les Forums jeunesse ont le mandat de favoriser la participation citoyenne des jeunes partout au Québec. Pour la relève dans le monde municipal, cette mission est d'une importance capitale. Les jeunes de 18 à 35 ans composent 20 pour cent de la population mais seulement 9 pour cent des élus municipaux», a commenté John Husk, président de la commission et conseiller municipal à Drummondville.