Il est impossible de dire dans combien d'années les Québécois auront l'assurance d'avoir accès à un médecin de famille. 

Au mieux, si tout va bien, Québec espère que d'ici la fin du présent mandat du gouvernement, environ 80 pour cent des Québécois devraient pouvoir inscrire leur nom sur la liste des patients d'un groupe de médecine familiale (GMF) situé près de chez eux.

Mais pour atteindre cet objectif, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a rappelé vendredi qu'il devait réussir à mettre sur pied, d'ici quatre ans, plus d'une centaine de GMF à travers le Québec, pour en compter un total de 300.

Il devra par ailleurs réussir à convaincre un plus grand nombre d'étudiants d'opter pour la médecine familiale au lieu d'une spécialité, afin d'offrir les services requis en GMF.

En point de presse, le ministre Bolduc a convenu que ce ne serait pas chose facile et qu'il n'avait pas de solution magique à proposer.

Pourtant, le problème de pénurie de médecins omnipraticiens demeure très grave, a-t-il admis, la situation actuelle frôlant la crise.

Le ministre a donc mis sur pied, le mois dernier, une table de concertation, réunissant plusieurs acteurs du monde de la santé qui ont tenu une première rencontre vendredi, en vue d'identifier, d'ici un an, des pistes de solution qui seraient applicables à court terme.

«La situation est sérieuse, que je qualifierais presque de crise», a résumé le ministre, en disant vouloir agir de toute urgence.

Pourtant, «il n'y a aucune façon que demain matin on va régler le problème. Ca c'est clair», a-t-il ajouté en conférence de presse, ajoutant qu'il n'avait pas de «baguette magique».

Selon Statistique Canada, 26,5 pour cent des Québécois âgés de 12 ans et plus n'ont pas accès à un médecin de famille.

Il manquerait entre 700 et 1000 médecins de famille pour répondre à la demande.

Aussi, Québec veut faire passer de 45 à 50 pour cent, la proportion des étudiants de médecine qui choisiront de devenir omnipraticiens plutôt que spécialistes, un objectif jugé ambitieux par la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ).

Le rejet de la médecine familiale semble être une tendance lourde chez les recrues, une tendance que Québec doit absolument inverser pour s'attaquer à la pénurie d'omnipraticiens.

C'est un des facteurs qui explique la croissance plus lente que prévue du réseau de groupes de médecine familiale, la clé de la réussite pour faciliter l'accès aux soins de première ligne et désengorger les urgences.

En 2002, quand les GMF ont été créés, on croyait pouvoir en compter 300 avant 2006. Il y en a actuellement 193 et l'objectif a été reporté à 2013.

Plusieurs pistes sont actuellement explorées pour multiplier le nombre de GMF et rendre la pratique médicale générale plus attrayante.

Le ministre Bolduc est cependant demeuré vague sur les moyens à venir.

«C'est une question d'attractivité et de valorisation de la médecine de famille», a-t-il dit.

On pense, par exemple, à des stages offerts aux étudiants en GMF et à les mettre en contact avec des omnipraticiens dès le début de leur formation.

On parle aussi de mieux intégrer les équipes médicales et de faciliter la communication entre omnipraticiens et spécialistes.

La pénurie est telle qu'en ce domaine «il n'y a pas de petit gain», a indiqué pour sa part un des participants à cette Table de concertation, le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin.

Les médecins de famille ayant un revenu nettement moins élevé que les spécialistes, la question de la rémunération deviendra elle aussi incontournable.

«C'est probablement un élément de la solution», a convenu le Dr Godin, sourire en coin, tandis que le ministre Bolduc, à ses côtés, évitait de s'aventurer sur ce terrain.

Chaque nouveau GMF coûte 500 000 $ à l'État.