Des Canadiens de toutes les sphères de la société, incluant des personnalités bien connues de la scène politique du pays, ont rendu un dernier hommage à Roméo LeBlanc, le 25e gouverneur général du Canada, vendredi matin.

Son fils, Dominic LeBlanc, a posé doucement sa main sur le cercueil drapé de l'unifolié, disant au revoir à un homme dont on a loué la grande humilité devant les succès politiques.

Dominic LeBlanc a déclaré aux centaines de personnes venues rendre hommage à Roméo LeBlanc, vendredi, que son père avait été profondément fier de servir en tant que ministre, sénateur et gouverneur général.

«Le pays a perdu un Canadien dévoué qui a fait de son mieux pour servir avec humilité et compassion», a-t-il dit.

Le jeune homme, un député libéral qui représente maintenant les électeurs de la circonscription de Beauséjour, la même que son père, s'est aussi souvenu de lui comme d'un homme de famille dévoué qui plaçait ses enfants avant tout autre chose.

«Papa, nous t'aimons», a dit Dominic LeBlanc avant de baisser la tête et de poser sa main sur le cercueil.

De nombreux dignitaires, incluant l'actuelle gouverneure générale, Michaëlle Jean, le premier ministre, Stephen Harper, et l'un de ses prédécesseurs, Jean Chrétien, se sont présentés quelque deux heures avant le début de la cérémonie funèbre.

Avant le début des funérailles en l'église Saint-Thomas, MM. Harper et Chrétien se sont recueillis devant le cercueil recouvert de l'unifolié, alors que M. LeBlanc était exposé en chapelle ardente à l'institut Memramcook.

Un cortège funèbre, mené par une garde d'honneur militaire, a ensuite circulé dans la modeste paroisse de Memramcook, dans le sud du Nouveau-Brunswick.

Dans son éloge funébre, Jean Chrétien a dit avoir d'abord connu Roméo LeBlanc en tant que journaliste pour le réseau anglais de Radio-Canada, le décrivant comme un homme «bien informé, circonspect et souriant».

«Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui ne l'aimait pas», a déclaré M. Chrétien.

Des représentants du secteur des Pêches encadraient le parcours du convoi funèbre, une façon de souligner l'époque durant laquelle M. LeBlanc a été ministre des Pêches au sein des gouvernements libéraux de Pierre Elliott Trudeau, durant les années 70.

Le réverend Normand Drisdelle a souhaité la bienvenue aux amis du défunt en ces mots : «Qu'il partage dorénavant la gloire de Dieu».

Le Grand Chef de l'Assemblée des premières nations, Phil Fontaine, a lu un passage du Livre de Sirach.

M. LeBlanc, premier Acadien à avoir occupé la fonction de gouverneur général du Canada, a rendu l'âme le 24 juin à l'âge de 81 ans.

Dans son homélie, le révérend Arthur Bourgeois a rappelé les racines acadiennes de M. LeBlanc, ainsi que son importance pour la communauté francophone du Nouveau-Brunswick.

Il l'a décrit comme un homme chaleureux qui a travaillé pour améliorer la vie de son prochain.

«Peu importe ce qu'il entreprenait, on sentait toujours sa considération pour les autres, son respect pour les gens et sa tolérance envers la différence», a affirmé le révérend Bourgeois.

Nommé gouverneur général en 1995, M. LeBlanc a d'abord fait sa marque à titre de ministre des Pêches au milieu des années 70 - on le surnommait le «ministre des pêcheurs» - avant de devenir sénateur en 1984.

De nombreuses personnalités associées au Parti libéral du Canada, incluant le chef Michael Ignatieff, ont assisté aux funérailles.

Depuis deux jours, de nombreuses personnes ont rappelé à quel point M. LeBlanc était un homme touchant.

Plusieurs ont parlé de son affabilité et de son charme, grâce auxquels il lui arrivait d'inviter de parfaits inconnus dans sa demeure de Grand Digue, dans le sud-est du Nouveau-Brunswick, ou de conter de savoureuses histoires à des gens qu'il connaissait à peine et qui se trouvaient à passer devant sa résidence.

M. Chrétien, son épouse Aline, le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Shawn Graham, le député libéral Justin Trudeau, et l'ancien ministre libéral Marc Lalonde faisaient tous partie d'un contingent de 32 porteurs honoraires.

M. Trudeau a parlé d'un homme profond, sage, ouvert et d'une grande simplicité. «Il est une inspiration pour tous ceux qui veulent se lancer en politique. On doit retenir les lecons de M. Leblanc», a-t-il ajouté.

L'ancien ministre Marc Lalonde, qui avait recruté Roméo LeBlanc en tant que secrétaire de presse du premier ministre Lester B. Pearson dans les années 1960, a affirmé que son vieil ami n'avait pas laissé Ottawa le changer.

«Il était surtout un homme du peuple sans prétention. Il était un humble serviteur de l'électeur», a dit M. Lalonde.

Dominic LeBlanc s'est dit ému par les témoignages qu'il a entendus au cours des jours précédant les funérailles.

Roméo LeBlanc a été un enseignant au Nouveau-Brunswick, un politicien qui s'est battu pour protéger la culture acadienne, ainsi qu'un citoyen «ordinaire» de cette luxuriante communauté rurale.

«Je croyais bien connaître mon père, mais j'ai appris beaucoup de choses à son sujet», avait confié Dominic LeBlanc, jeudi.

«J'ai entendu de merveilleuses anecdotes, venant de merveilleuses personnes, et les membres de notre famille en sont tous très reconnaissants. Ca nous a fait réaliser que mon père n'était pas seulement apprécié par les membres de sa famille, mais également par beaucoup de gens.»

M. LeBlanc a été un membre influent du Parti libéral, d'abord à titre d'attaché de presse des premiers ministres Lester Pearson et de Trudeau, avant d'être élu à titre de député en 1972.

M. LeBlanc était atteint de la maladie d'Alzheimer et a été victime d'un accident vasculaire cérébral quelques mois avant sa mort.

A titre de député, il a fait preuve de beaucoup d'influence dans sa province natale, et il était surnommé le «Parrain du Nouveau-Brunswick» à cause de sa faculté à contrôler le patronage et les projets gouvernementaux.

Né en 1927 dans la vallée de Memramcook, M. LeBlanc a passé son enfance dans cette communauté.

Une santé déficiente a forcé M. LeBlanc à quitter Rideau Hall en 1999 avant la fin de son mandat de cinq ans à titre de gouverneur général.

M. LeBlanc laisse dans le deuil son épouse, Diana Fowler LeBlanc, et quatre enfants.