Presque tous les jours, Cynthia Vanier fait la file dans une prison mexicaine et effectue un appel à frais virés à ses parents, loin d'elle à Brampton, en Ontario. Les conversations sont toujours courtes et les émotions, parfois intenses, mais les mots prononcés pour s'encourager à tenir bon continuent de fuser.

Voilà cinq mois que Mme Vanier est emprisonnée, et sa famille peine à demeurer optimiste, car elle estime que le Canada en fait bien peu pour aider ses citoyens.

Cynthia Vanier, une Canadienne originaire de Mount Forest, en Ontario, est accusée au Mexique d'avoir tenté d'y faire entrer illégalement un des fils de Mouammar Kadhafi.

Elle a été arrêtée en novembre 2011 et accusée en février de tentative de traite de personnes, de contrefaçon de documents et d'association avec le crime organisé en lien avec cette affaire.

Pour son mari et ses parents, les cinq derniers mois ont été un cauchemar.

«Nous ne sommes pas habitués à cela. Nous avons toujours cru que le Canada défendraient ses citoyens, surtout lorsque ceux-ci n'ont pas encore été reconnus coupables», a laissé tomber le père de Mme Vanier, John MacDonald, dans une entrevue à La Presse Canadienne.

«De quelle aide a été le gouvernement canadien? Aucune.»

De Washington où il se trouvait jeudi, le ministre des Affaires étrangères John Baird a défendu la position du gouvernement fédéral dans l'affaire.

«Mme Vanier fait face à d'importantes accusations, notamment pour avoir fourni de l'aide à un présumé criminel de guerre, à une personne qui fait l'objet de sanctions de l'ONU pour avoir violé des droits de la personne. Le fait d'être Canadien ne nous permet pas de décrocher le téléphone, d'appeler le gouvernement mexicain et de dire: Oui, je suis Canadien, elle n'a clairement pas fait ce dont elle est accusée, pouvez-vous la renvoyer à la maison s'il-vous-plaît?», a lancé M. Baird.

«Si le président mexicain m'appelait en disant: »Pouvez-vous sortir ce Mexicain de prison?«, je n'aurais aucun pouvoir pour le faire. Elle fait face à des accusations très sérieuses et elle devra y répondre en cour.»

Mme Vanier n'a pas encore subi de procès ou été en mesure de faire une demande d'appel.

Le président mexicain Felipe Calderon a utilisé son cas lors d'une récente rencontre avec le président américain Barack Obama et le premier ministre Stephen Harper pour illustrer l'efficacité avec laquelle son gouvernement gère les questions de sécurité.

Ces commentaires, formulés la semaine dernière au Sommet des leaders nord-américains, ont contrarié le père de Mme Vanier.

«En entendant M. Calderon en parler de la manière dont il l'a fait, je me suis rendu compte de l'aspect politique qu'a pris le cas au Mexique», a déclaré M. MacDonald.

Il a ajouté avoir eu l'impression de se heurter à un mur de briques lorsqu'il a demandé au gouvernement canadien de l'aider à ramener sa fille à la maison. Il estime que son député a peu fait pour l'aider et soutient que le ministère des Affaires étrangères ne cesse de lui répéter que le Canada n'a pas l'intention d'interférer avec les lois d'un autre pays.

Selon M. MacDonald, toutefois, le Canada peut encore en faire beaucoup pour sa fille.

«Nous ne leur demandons pas de s'immiscer dans le système légal, mais plutôt de se pencher sur les droits de la personne, un dossier dans lequel ils ont des pouvoirs.»

Il a également affirmé que le Canada n'avait été informé de l'incarcération de sa fille que quatre jours après celle-ci, et a ajouté qu'elle a été emprisonnée, sans qu'aucune accusation ne soit portée contre elle, plus longtemps que ce qui est autorisé par la loi mexicaine.

M. MacDonald a répété que sa fille est innocente et qu'elle veut simplement rentrer chez elle.