Les dépenses de l'ancienne lieutenante-gouverneure Lise Thibault feront l'objet d'une pré-enquête, qui s'amorcera à huis clos lundi au Palais de justice de Québec, a rapporté Radio-Canada vendredi.

La Couronne fera entendre ses témoins, mais l'avocat de Lise Thibault ne pourra y assister.

Selon les vérificateurs généraux du Québec et du Canada, au cours de ses 10 ans en poste, elle a dépensé 700 000 $ de façon injustifiée, une accusation dont elle s'est notamment défendue en Commission parlementaire, en octobre 2008.

Une enquête de la Sûreté du Québec et de la Gendarmerie royale du Canada menée pendant deux ans a abouti à un rapport, déposé en début d'année devant le Directeur des poursuites criminelles et pénales, Louis Dionne.

M. Dionne, qui doit déterminer si des accusations criminelles seront portées et dont le poste relève du ministère de la Justice du Québec, a choisi de confier le dossier à un juge. C'est à ce dernier que reviendra la responsabilité de décider si un procès criminel doit être tenu.

La pré-enquête est une mesure exceptionnelle, qui n'a été utilisée que moins d'une dizaine de fois au cours des 30 dernières années.

Selon l'avocat criminaliste Jean-Claude Hébert, le ministère public veut par cette mesure «dépolitiser l'examen du dossier» et «donner un gage d'objectivité, d'impartialité dans l'examen de son dossier».

Les vérificateurs généraux du Québec et du Canada, Renaud Lachance et Sheila Fraser, s'étaient penchés sur les dépenses de Mme Thibault pour toute la durée de son mandat, du 30 janvier 1997 jusqu'au 7 juin 200. Dans leur rapport conjoint, rendu public en juin 2007, ils avaient indiqué être dans l'impossibilité de trouver des justifications pour des dépenses de 700 000 $ sur un montant versé total de 1,7 million.

Une partie des dépenses jugées non justifiées incluait des frais de repas et d'hébergement déjà couverts par une allocation du gouvernement du Québec. Une deuxième partie avait servi à des dépenses personnelles, reliées par exemple à des réceptions, des repas au restaurant, des leçons de golf et de ski, des cadeaux ou encore des voyages de pêche. Faute de documentation adéquate, les deux vérificateurs n'avaient toutefois pu établir avec certitude le montant exact des dépenses.