Les cimetières et les lieux publics continuent d'être la cible de pilleurs. De Montréal à Saint-André-d'Argenteuil, en passant par Saint-Jérôme, une même question se pose: comment se prémunir contre ces vandales qui s'en prennent aux monuments, que ce soit pour leur valeur en bronze ou leur valeur artistique tout court?

Dernier monument d'importance mis à mal: le monument à la mémoire de Dollard des Ormeaux, à Saint-André-d'Argenteuil, oeuvre du réputé sculpteur québécois Alfred Laliberté. La plaque commémorative et la tête de femme qui ornait le monument ont été volées à la fin du mois de juillet.

 

Au cimetière juif Shaar Hashomayim, ce sont trois plaques de cuivre, à l'entrée, qui ont été dérobées il y a environ deux mois.

Rien d'antisémite ici, comme le précise la directrice de l'endroit, Penny Colb. Ici comme dans quantité d'endroits, les pilleurs sont notamment à la recherche du cuivre dont le cours se situe autour de 2,73US$ la livre ces jours-ci.

Au cimetière de Saint-Jérôme, où une vingtaine de pierres tombales ont été dépouillées en juin de leurs plaques de cuivre, l'administratrice Christine Beauchamp indique que depuis lors, les policiers ont accru leur surveillance des lieux.

Au début du mois de mai, Urgel Bourgie a avisé divers clients que son cimetière d'Auteuil, à Laval, avait été victime d'un important vol le 15 avril. Le Courrier Laval a rapporté qu'Urgel Bourgie se disait non responsable et refusait de remplacer gracieusement les plaques. Il n'a pas été possible d'en savoir davantage sur les suites de cette histoire, Urgel Bourgie ne nous ayant pas rappelés.

Au fédéral, depuis trois ans, une trentaine de plaques sur lesquelles figurent des informations sur un lieu historique ont été volées dans la grande région de Montréal. «On a récemment mis au point un nouveau système d'ancrage antivol», explique Mario Savard, coordonnateur des programmes du patrimoine à la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.

Si l'argent que les brigands peuvent gagner en volant de petites plaques est minime, refaire de nouvelles plaques coûte cher. Graver et installer une nouvelle plaque coûte au bas mot 2500$.

À Montréal, un comité a été constitué pour trouver aussi des solutions.

Les pilleurs s'en prennent aux monuments pour deux raisons distinctes, explique Gilles Mitchell, porte-parole de la Sûreté du Québec. Les pilleurs cherchent soit à revendre le cuivre coulé, soit à revendre des pièces entières d'artistes reconnus sur le marché de l'art.

Dans le cas de Saint-André-d'Argenteuil, il y a lieu d'espérer. «Nous avions différentes photos du monument et par l'entreprise du réseau Art Alerte, nous avons avisé tous les musées et différents brocanteurs de ce vol», précise M. Mitchell.

Alain Tremblay, directeur de l'Écomusée de l'Au-delà voué à la protection du patrimoine funéraire au Québec, ajoute que son organisme fait aussi des petites visites incognito chez des antiquaires pour vérifier s'ils ne cherchent pas à faire le commerce d'oeuvres volées. Consterné de voir que des oeuvres de sculpteurs aussi réputés qu'Alfred Laliberté ou Henri Hébert soient volées, M. Tremblay ne comprend pas que le gouvernement du Québec ne cherche pas à faire un inventaire complet des oeuvres d'art qui se trouvent dans les cimetières.