Jean-Paul Gerbet, le meurtrier de Cathy Caretta, est-il toujours hanté par le fantôme de Karla Homolka avec qui il a entretenu une relation pendant plusieurs années? L'équipe carcérale chargée de son cas est d'avis que non. Elle a même recommandé sa libération totale. Mais la Commission nationale des libérations conditionnelles en a décidé autrement. Au grand soulagement de la famille de la victime.

Le Français de 42 ans a été condamné à l'emprisonnement à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 10 ans pour le meurtre non prémédité de son ex-amie de coeur, Cathy Caretta, à Laval en 1998. Hier, à sa seconde tentative pour obtenir sa libération totale, Gerbet a échoué à prouver qu'il était réhabilité. Il devra donc rester derrière les barreaux.À son premier passage devant la Commission en janvier 2008, il n'avait pu convaincre les commissaires de sa réhabilitation, entre autres, en raison de sa relation épistolaire avec la tristement célèbre meurtrière de l'Ontario Karla Homolka. Alors que tous deux étaient emprisonnés, ils ont échangé des lettres pendant plusieurs années. Le scénario s'est répété, hier.

Le meurtrier a un trouble de la personnalité narcissique avec traits limites et antisociaux, selon les psychologues et les psychiatres qui l'ont évalué. «Malgré votre participation à des programmes institutionnels et les avertissements de vos intervenants, vous avez poursuivi cette relation (avec Homolka) pendant plusieurs années avant d'admettre que celle-ci pouvait avoir un impact négatif sur votre cheminement personnel, car elle se voulait à risque élevé. Encore une fois, la composante narcissique de votre personnalité semble avoir affecté votre jugement», expliquent les commissaires dans leur décision écrite rendue, hier.

Jean-Paul Gerbet exprime beaucoup de remords. Mais il éprouve aussi de la difficulté à admettre que le meurtre de Cathy Caretta relève de sa «personnalité narcissique et du rejet» vécu à la suite de leur rupture, notent les commissaires. «Aujourd'hui (hier), malgré vos prétentions, vous n'avez pas été en mesure de convaincre la Commission que vous sauriez vous montrer plus alerte et réaliste dans vos attentes dans le cadre d'une future relation affective», ont-ils ajouté.

La famille de la victime de 22 ans était présente à l'audience. «L'adrénaline grimpe quand on le voit. Ça prend tout notre courage, mais on doit être là pour faire valoir la voix de la Cathy», a dit son père, Christian Caretta. Ce dernier ainsi que la mère et la soeur de la victime ont chacun écrit une lettre à la Commission pour la convaincre de ne pas libérer le meurtrier. «À une époque où la violence sous toutes ses formes est banalisée à l'extrême, je vous demande instamment de prendre en considération la sécurité de la collectivité, en particulier celle des femmes et, par conséquent, de proroger le temps d'incarcération de Jean-Paul Gerbet», a écrit sa soeur, Christine Caretta.

La Commission évaluera à nouveau la demande de libération de Jean-Paul Gerbet dans deux ans. Lorsqu'il sera libéré, le meurtrier, citoyen français, sera expulsé dans son pays d'origine. Sa soeur est d'ailleurs venue de France pour le soutenir à l'audience d'hier.