Éric Belley, ce facteur de 34 ans qui rapportait le courrier chez lui plutôt que de le livrer aux deuxième et troisième étages, a été condamné à une peine de 18 mois à purger dans la collectivité, hier, au palais de justice de Montréal.

Le juge Jean B. Falardeau a ainsi entériné la suggestion commune des avocats. En rendant sa décision, le magistrat a signalé que ce sont «120 000 pièces de courrier» qui ont été retrouvées chez M. Belley.

 

Les faits se sont produits entre le 15 janvier 1999 et le 31 octobre 2005, alors que M. Belley travaillait pour Postes Canada. Le facteur, qui a été congédié depuis, amputait ses livraisons parce qu'il voulait finir son travail plus tôt. La paresse aurait eu un rôle à jouer, mais l'alcool et la malchance auraient également contribué à ce comportement, a-t-on appris, hier.

M. Belley traversait une dure période au moment des incidents. Deux de ses trois enfants sont nés prématurément, et sa femme était dépressive. Il devait se rendre souvent à l'hôpital. Son père a eu un cancer généralisé, et l'accusé lui-même a fait une dépression en 2005. «Sa situation était vraiment difficile et il est honteux de ce qu'il a fait», a noté le juge Falardeau.

Postes Canada avait été alertée par des citoyens qui ne recevaient pas leur courrier. Une enquête, incluant de la filature, avait été ouverte. On avait alors constaté que M. Belley ne livrait pas le courrier aux étages supérieurs, et qu'il mettait les poches de courrier dans sa voiture avant de partir.

Une partie du courrier a été découverte dans son domicile de Lachine, tandis que le reste, environ 65 000 lettres, se trouvait dans une résidence de Saint-Félix-de-Valois, où il avait déjà habité. Plutôt que d'aller en procès, M. Belley a plaidé coupable à une accusation de vol de courrier dans cette affaire. Il n'avait aucun antécédent judiciaire. Selon un rapport avant la sentence établi à son sujet, il y a peu de risques que M. Belley récidive. M. Belley est maintenant camionneur sur de longues distances. Le juge a accepté de moduler les heures et les conditions de son couvre-feu, pour lui permettre de continuer à travailler pendant qu'il purgera sa peine.