De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Écrivez à nos correspondants parlementaires

Merde alors !

Le premier ministre François Legault n’a pas du tout aimé la controverse autour du financement de son parti. Lors d’un point de presse, il a laissé échapper un mot assurément non parlementaire lorsqu’il a répondu en anglais à un journaliste d’un média anglophone. « Je prends des décisions qui ne sont pas toujours soutenues par l’ensemble de la population, mais une chose que je ne peux pas accepter, c’est qu’on remette en question mon intégrité, shit ! » Il a annoncé que son parti renonce au financement populaire. Une idée « dont on discute depuis longtemps » à la CAQ, a-t-il soutenu. Vraiment ? La CAQ était favorable jusqu’à tout récemment à l’idée de hausser le plafond des dons fixé en ce moment à 100 $ par an, d’après des échanges l’automne dernier au sein du comité consultatif du Directeur général des élections du Québec (DGEQ). La directrice générale de la CAQ, Brigitte Legault, soutient que tous les partis étaient favorables à une hausse du plafond – ce qui a pu être confirmé. Elle ajoute que son parti avait fait savoir jeudi dernier au DGEQ qu’elle se ravisait et plaidait pour le statu quo.

35,2 millions

Le trésor de guerre amassé par les conservateurs pour la prochaine campagne électorale « a battu tous les records », s’est enorgueillie la formation politique cette semaine. C’est plus du double des 15 millions recueillis par les libéraux. Le dernier record, détenu par le Parti conservateur, était de 24,2 millions en 2018. La formation politique a recueilli plus de 200 000 dons en 2023 durant la première année complète de Pierre Poilievre comme chef. Celui-ci y voit la preuve d’un large soutien pour son « plan de gros bon sens ». Il reste toutefois du travail à faire au Québec, où le parti a recueilli près de 1500 dons de 200 $ et plus dont la valeur totale frise les 810 000 $.

Des projections sombres pour la CAQ

On l’a vu en début de semaine : la Coalition avenir Québec (CAQ) a perdu la moitié de ses appuis en un an et a chuté à 20 % dans les intentions de vote, contre 32 % pour le Parti québécois (PQ), selon un sondage Pallas Data. Le site de projections électorales Qc125 estime même que ce résultat ne lui vaudrait que 9 des 125 sièges à l’Assemblée nationale. La CAQ serait classée au quatrième rang pour le nombre de sièges, derrière le PQ (67), le Parti libéral (28) et Québec solidaire (15). Elle en aurait à peine plus que le Parti conservateur (6). Les prochaines élections générales sont encore loin, mais François Legault commence-t-il à regretter d’avoir renié sa promesse électorale de réformer le mode de scrutin ?

Les écrits restent…

Semaine difficile pour François Legault. Le premier ministre avait néanmoins dans sa besace de quoi répliquer au meneur dans les sondages, Paul St-Pierre Plamondon. Au Salon bleu, le chef péquiste a demandé à M. Legault de « rassurer les Québécois et exclure que les entreprises privées puissent se lancer dans la vente d’électricité ». Il se dit opposé à la « dénationalisation d’Hydro-Québec ». Le premier ministre a aussitôt rappelé à son adversaire ce qu’il a lui-même écrit sur le sujet dans son livre Les orphelins politiques, en 2014. Puis, il a lu le passage suivant, extrait des pages 239 et 240 de l’ouvrage de M. Plamondon : « La Suède ne craint pas de remettre en question les monopoles étatiques. Elle a ainsi introduit le privé dans le secteur de l’hydroélectricité. L’intervention de l’État dans l’économie fonctionne mieux lorsqu’elle est en concurrence avec le privé. Le Québec doit se pencher sur l’introduction du privé. » Oups. François Legault a soutenu que sous sa direction, « ça va rester marginal, ce qui va être fait par le privé ».

Deuil périnatal : plaidoyer poignant d’une députée

La députée libérale Désirée McGraw a réussi cette semaine à faire adopter son projet de loi visant à proclamer la Journée québécoise de sensibilisation au deuil périnatal le 15 octobre de chaque année. Une journée pour souligner « la douleur profonde » de ces pertes et « offrir réconfort aux familles affectées ». Il est rare que le gouvernement accepte de donner le feu vert à un projet de loi de l’opposition. Pendant les débats sur l’adoption, l’élue de Notre-Dame-de-Grâce a livré un discours poignant au Salon bleu en s’ouvrant sur un chapitre très personnel de sa vie. Mme McGraw a raconté avoir vécu un tel deuil, après avoir perdu son bébé, Catherine, à 35 semaines de grossesse. Avec émotion, elle a confié avoir eu besoin d’aide par la suite et a dit s’être impliquée auprès d’organismes pour trouver des solutions afin d’adoucir le deuil des parents. « On ne se remet jamais de la perte d’un enfant, mais il y a des choses que nous pouvons faire pour mieux l’affronter », a-t-elle exprimé, en anglais, « sa langue de maman ». Comme quoi les épreuves mènent parfois à l’action politique.

« Ça va être long »

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a montré des signes d’exaspération dès le premier jour de la reprise des travaux parlementaires. « Monsieur le Président, ça va être long. » Le chef bloquiste a ainsi exprimé sa stupéfaction après avoir entendu les premiers échanges entre le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre et le premier ministre Justin Trudeau durant la première période de questions à la Chambre des communes en plus de six semaines. En effet, ça risque d’être long d’ici la tenue des prochaines élections prévues en octobre 2025, car tous les coups bas sont permis entre leaders. Un exemple ? Pierre Poilievre a notamment demandé à Justin Trudeau s’il avait payé « toute la taxe sur le carbone correspondant aux 100 tonnes d’émissions qu’il a envoyées dans l’atmosphère pour ses vacances de 80 000 $ » en Jamaïque pendant le congé des Fêtes. Justin Trudeau lui a demandé pourquoi il musèle les députés comme Leslyn Lewis qui réclame l’abolition des Nations unies. Oui, ça va être long !

La citation de la semaine

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

L’ex-ministre de la Justice David Lametti

La Charte n’est pas une option et son utilisation préventive est une façon de dire que la Charte est optionnelle.

L’ex-ministre de la Justice David Lametti a appelé à un changement de la Constitution canadienne dans son discours d’adieu à la Chambre des communes mardi pour éviter que la disposition de dérogation soit utilisée de façon préventive, comme l’a fait le Québec pour mettre les lois 21 et 96 à l’abri des contestations judiciaires. La première ministre albertaine Danielle Smith n’a pas exclu de faire de même pour sa nouvelle politique controversée sur l’identité de genre.

Qui est le vrai Pierre Poilievre ?

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DE YOUTUBE

Extrait de la publicité du NPD juxtaposant Pierre Poilievre, Doug Ford et Danielle Smith

Ce n’est pas au premier ministre Justin Trudeau que les néo-démocrates s’attaquent dans une nouvelle publicité cette semaine, mais à Pierre Poilievre. La vidéo d’une trentaine de secondes associe le chef conservateur aux coupes des premiers ministres Doug Ford et Danielle Smith, en Ontario et en Alberta. La photo de Pierre Poilievre apparaît à l’écran sur une musique dramatique avec un rappel qu’il a voté contre le programme de soins dentaires. Les conservateurs tentent de courtiser le vote des syndiqués dans des circonscriptions néo-démocrates. « M. Poilievre dit qu’il veut amener plein de solutions et dit qu’il veut aider les travailleurs et les travailleuses, puis la classe moyenne, mais quand on regarde concrètement ce que les conservateurs font pour vrai, ça n’aide pas les plus démunis, ça n’aide pas les travailleurs, ça n’aide pas les aînés et les étudiants », a lancé le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique, Alexandre Boulerice.