(Québec) Après avoir encaissé la pire défaite de l’histoire libérale en termes de vote populaire, Dominique Anglade dit poser un regard « entièrement lucide » sur les défis de sa formation. La cheffe libérale a l’intention de demeurer en poste jusqu’au vote de confiance, en 2023. Elle promet de « reconnecter » avec les régions, un souhait émis en 2018.

« Nous sommes entièrement lucides quant aux résultats de l’élection du 3 octobre dernier », a assumé la leader libérale lors d’un discours suivant son assermentation, mardi au Salon rouge. Tour à tour, les 21 élus libéraux ont prêté serment au roi Charles III comme le veut la procédure, sous les applaudissements de leurs proches et de candidats libéraux défaits réunis pour cet évènement solennel.

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Dominique Anglade

« Notre députation provient de la grande région métropolitaine de Montréal, de Laval, de la Montérégie et de l’Outaouais. C’est un fait, mais cela ne nous disqualifie aucunement pour soulever les enjeux qui touchent la Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine, la Côte-Nord, la Capitale-Nationale, la Mauricie, l’Estrie ou encore l’Abitibi », a fait valoir la cheffe de l’opposition officielle de la 43législature.

Dominique Anglade est parvenue à sauver les meubles le 3 octobre dernier en faisant élire 21 députés, tous dans le Grand Montréal, à l’exception de Pontiac, en Outaouais. Le Parti libéral du Québec (PLQ) a enregistré la pire performance de son histoire en récoltant 14,37 % des voix, ce qui est moins que Québec solidaire et le Parti québécois, qui ont pourtant fait élire respectivement 11 et 3 députés.

À ce sujet, Mme Anglade a réaffirmé qu’elle ne tiendra aucune « discussion sur la place publique » quant à son accord de permettre la reconnaissance de ces deux formations comme groupes parlementaires.

« Le Parti libéral du Québec doit redevenir le carrefour entre les grandes idées d’aujourd’hui et de demain, et les Québécois de toutes les régions. Nous avons donc un énorme travail à accomplir et nous en sommes conscients », a poursuivi la cheffe libérale. Bien qu’elle dise demeurer « lucide », Mme Anglade évoque bien peu de choses lorsqu’il est question de savoir ce qui a pu ne pas fonctionner en campagne.

Mme Anglade a de nouveau montré du doigt l’organisation sur le terrain pendant les élections. Son début de campagne a été plombé par plusieurs embûches liées à l’organisation libérale, comme des rassemblements peu achalandés et des candidats qui se sont désistés à la dernière minute.

Tournée des régions à venir

La cheffe libérale a soutenu qu’elle allait refaire très bientôt une tournée des régions pour « reconnecter » avec les électeurs francophones. Elle sera appuyée notamment par André Fortin (Pontiac), seul représentant libéral à l’extérieur du Grand Montréal, à qui Mme Anglade n’a d’ailleurs confié aucune fonction d’officier. « Il aura un énorme rôle à jouer sur le terrain », a-t-elle fait valoir.

Le principal intéressé dit ne pas se mettre la tête dans le sable. « Il y a un travail important à faire, on ne se racontera pas d’histoires. Dans plusieurs régions à travers le Québec, ç’a été difficile. Les résultats ne sont pas ceux qu’on voulait », a-t-il lancé après avoir prêté serment.

Les nouveaux députés tenaient d’ailleurs tous la même ligne. « Il faut reconnecter, c’est sûr, avec les régions. On s’entend qu’on est très concentrés à Montréal actuellement, il faut marteler des messages qui parlent à tous les Québécois », a fait valoir la nouvelle élue de Mont-Royal–Outremont, Michelle Setlakwe.

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De gauche à droite, et de bas en haut : Enrico Ciccone, Filomena Rotiroti, Dominique Anglade, Marc Tanguay, Monsef Derraji, Jennifer Maccarone, Désirée McGraw, Frantz Benjamin, Michelle Setlakwe, Brigitte Garceau, Marie-Claude Nichols, Fred Beauchemin, Virginie Dufour, Linda Caron, Madwa-Nika Cadet, André Fortin, Elisabeth Prass, Sona Lakhoyan Olivier et André A. Morin.

« On a essayé de le démontrer durant la campagne, justement avec Dominique qui était à l’extérieur du Montréal en début de campagne, à Québec, et un peu partout par la suite, en finissant dans le Grand Nord. Donc oui, on se doit de reconnecter avec les autres Québécois qui n’ont pas voté [pour nous] », a soutenu le député de Marguerite-Bourgeoys, Fred Beauchemin.

C’est pourtant le souhait qu’avait émis l’ex-premier ministre du Québec, Philippe Couillard, après la cuisante défaite libérale de 2018. Dominique Anglade avait d’ailleurs entamé son mandat de cheffe en faisant une tournée des régions du Québec. Elle a aussi présenté une Charte des régions qu’elle a martelée en campagne.

« Bien, force est de constater que le travail doit se poursuivre. Le travail qui a été entamé n’a pas été suffisant, il faut le dire, et qu’il va falloir redoubler d’efforts et d’ardeur d’un point de vue organisationnel, d’un point de vue terrain », a expliqué Mme Anglade mardi.

En poste jusqu’au vote de confiance

Malgré cette défaite historique, Dominique Anglade affirme avoir l’intention de demeurer en poste jusqu’au vote de confiance des membres, qui doit avoir lieu d’ici le prochain congrès libéral, en novembre 2023. La cheffe a rejeté le sombre bilan tracé par au moins une douzaine de libéraux, cités de façon anonyme dans un article de La Presse Canadienne, qui réclament son départ.

« Quand vous aurez des noms, vous viendrez me voir », a-t-elle rétorqué. Le nouveau président du caucus libéral, Enrico Ciccone, a assuré que les nouveaux élus se rangent derrière Mme Anglade. « Je peux vous confirmer que Dominique a l’appui total du caucus. On est même déjà passé à d’autres choses », a-t-il soutenu en faisant référence à l’article publié la semaine dernière.

Selon la constitution du PLQ, les membres doivent voter par scrutin s’ils maintiennent leur confiance en leur chef lors du congrès suivant une élection générale, si la formation politique n’a pas fait élire un nombre de députés suffisants pour former le gouvernement.

Avec Hugo Pilon-Larose, La Presse

La cheffe perd son directeur des communications

Un membre de la garde rapprochée de Dominique Anglade quitte le navire libéral. Son directeur des communications, Jeremy Ghio, a annoncé au caucus mardi qu’il quittera ses fonctions vendredi, a appris La Presse. Celui qui avait été embauché il y a un an dit vouloir quitter la sphère politique pour relever de nouveaux défis. Le principal intéressé assure qu’il s’agit de sa propre décision et que celle-ci n’a rien à voir avec le résultat du scrutin. Selon La Presse Canadienne, d’anciens libéraux auraient voulu voir sa tête rouler après la défaite historique du PLQ. M. Ghio avait été recruté l’an dernier pour augmenter la notoriété et la présence médiatique de Dominique Anglade, qui a été couronnée en pleine pandémie. Jeremy Ghio avait retenu l’attention du PLQ pour son travail avec la ministre fédérale Mélanie Joly. Il était chez TACT Conseil avant de faire le saut en politique provinciale.

Les nouveaux visages du PLQ

Voici les membres du Parti libéral du Québec (PLQ) qui ont prêté serment pour la première fois à l’Assemblée nationale mardi.

Linda Caron

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Linda Caron

La Pinière

57 ans

Ex-coordonnatrice de l’équipe de formation continue à l’École nationale d’administration publique et titulaire d’une maîtrise en administration publique, Linda Caron occupait jusqu’à son élection la présidence du PLQ. Résidante de la circonscription de La Pinière depuis 30 ans, elle succède au vétéran libéral Gaétan Barrette. Elle est la seule représentante libérale à avoir résisté à la vague caquiste sur la Rive-Sud.

Fred Beauchemin

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Fred Beauchemin

Marguerite-Bourgeoys

57 ans

M. Beauchemin a œuvré dans la communauté d’affaires canadienne depuis plus d’une trentaine d’années en tant qu’ex-directeur général et chef des marchés des capitaux à la Banque Scotia. Il est déjà identifié comme le dauphin de l’ex-ministre libéral des Finances, Carlos Leitão. Il succède à la députée libérale sortante, Hélène David.

Désirée McGraw

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Désirée McGraw

Notre-Dame-de-Grâce

53 ans

Ex-conseillère spéciale au président du réseau Fondations philanthropiques Canada et désignée « Young Global Leader » par le Forum économique mondial en 2010, Désirée McGraw a aussi été nommée parmi les 100 femmes les plus influentes du Canada par le Financial Post. Celle qui succède à Kathleen Weil est cofondatrice du projet Réalité climatique d’Al Gore au Canada et rectrice du Collège Pearson de 2015 à 2019.

Elisabeth Prass

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Elisabeth Prass

D’Arcy-McGee

43 ans

Ex-conseillère principale en relations gouvernementales pour VIA Rail Canada, Elisabeth Prass a été conseillère politique pour le cabinet du Développement économique sous Raymond Bachand et Clément Gignac, de 2008 à 2012. Celle qui succède à David Birnbaum se spécialise dans les politiques publiques économiques. Elle a été directrice du bureau de circonscription de D’Arcy-McGee de 2014 à 2021.

Michelle Setlakwe

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Michelle Setlakwe

Mont-Royal–Outremont

49 ans

Avocate en droit des affaires chez Norton Rose pendant 10 ans, Michelle Setlakwe a été conseillère municipale à Mont-Royal de 2016 à 2021 en plus d’être candidate à la mairie en 2021. Originaire de Thetford Mines, celle qui succède au vétéran Pierre Arcand habite la circonscription depuis une trentaine d’années.

André A. Morin

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André A. Morin

Acadie

61 ans

Avocat et ex-procureur fédéral en chef du Service des poursuites pénales du Canada pour la région du Québec, André A. Morin cumule 32 années de service au sein de la fonction publique fédérale. Celui qui succède à Christine St-Pierre est lauréat de plusieurs prix à titre d’avocat, le Barreau du Québec et le Barreau de Montréal lui ont notamment décerné le titre d’avocat émérite en 2010 et 2013.

Brigitte Garceau

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Brigitte Garceau

Robert-Baldwin

58 ans

Brigitte Garceau était avocate associée en droit de la famille au sein du cabinet Robinson Sheppard Shapiro avant son élection. Celle qui succède à Carlos Leitão cumule d’ailleurs plus de 30 ans d’expérience en droit de la famille. Elle est récipiendaire d’une médaille du jubilé de diamant de la Reine pour son engagement communautaire.

Sona Lakhoyan Olivier

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Sona Lakhoyan Olivier

Chomedey

61 ans

Sona Lakhoyan Olivier a évolué au sein de Loto-Québec pendant près de 30 ans. Militante libérale de longue date, elle a remporté l’investiture ouverte de Chomedey, à Laval, et succède à Guy Ouellet, qui siégeait comme indépendant. Elle a aussi fait partie du conseil d’administration de l’ancienne Commission scolaire de Laval.

Virginie Dufour

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Virginie Dufour

Mille-Îles

45 ans

Virginie Dufour a été conseillère municipale et membre du Comité exécutif de la Ville de Laval pendant huit ans. Elle a siégé pendant huit ans au Comité consultatif d’urbanisme. Celle qui succède à Francine Charbonneau a été nommée « Championne du climat » en 2019 par la Fédération canadienne des municipalités. Elle a aussi été présidente de l’Association québécoise d’urbanisme.

Madwa-Nika Cadet

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Madwa-Nika Cadet

Bourassa-Sauvé

32 ans

Avocate de formation, Madwa-Nika Cadet s’implique au sein du PLQ depuis 15 ans. Elle a occupé la présidence de la commission jeunesse de 2013 à 2014. Elle a aussi été candidate libérale dans Rosemont en 2012. Elle était auparavant conseillère en politiques au cabinet du ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada. Selon sa biographie, elle a aussi œuvré dans plusieurs grands cabinets et à la Banque mondiale. Elle succède à Paule Robitaille.