(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau assure que le Canada atteindra cette fois-ci son plus récent objectif de réduction des émissions de GES, parce que pour la première fois, cette cible est accompagnée d’un plan qui montre réellement la marche à suivre pour réussir.

Depuis 1988, le Canada s’est fixé huit objectifs climatiques différents : jusqu’ici, il n’a jamais été près d’en atteindre un seul.

Le prochain objectif est fixé pour 2030 et exige que le Canada ramène ses émissions à un niveau équivalent à entre 55 et 60 % de ce qu’elles étaient en 2005. Il s’agit d’une version plus ambitieuse d’un objectif précédent que le gouvernement Trudeau s’était fixé lorsqu’il est arrivé au pouvoir.

Sur la base des niveaux d’émissions en 2020, atteindre le nouvel objectif signifierait réduire d’environ 23 millions de tonnes d’émissions par an, en moyenne. Cela équivaut à retirer cinq millions de voitures de la circulation tous les 12 mois jusqu’à la fin de la décennie.

Lors d’une séance de questions-réponses dans le cadre d’une conférence sur la carboneutralité, à Ottawa, le premier ministre n’a toutefois pas précisé à quel moment les Canadiens verraient des réductions substantielles d’émissions de gaz à effet de serre (GES) au pays.

M. Trudeau a soutenu mardi qu’il pouvait garantir le respect de cette cible, car cette fois, il existe un plan spécifique pour l’atteindre. Il a cité notamment la tarification nationale du carbone et un plafond sur les émissions du secteur pétrolier et gazier.

« Tous les autres plans étaient basés sur des objectifs, a déclaré M. Trudeau. N’importe quel politicien peut proposer un objectif. Pouvez-vous réellement proposer un plan pour y parvenir ? »

Le premier plan climatique des libéraux, en 2016, a fixé un cap vers leur objectif initial de 2030, mais n’a jamais inclus suffisamment d’initiatives pour y arriver.

Justin Trudeau a indiqué que le plan de réduction des émissions du Canada, publié en mars, fournit une feuille de route jusqu’au nouvel objectif établi l’an dernier.

Pour la première fois, le plan décrit les émissions qui doivent être éliminées pour atteindre l’objectif de 2030, secteur par secteur, et expose certaines façons d’y parvenir – mais pas toujours.

Trop ambitieux, selon l’industrie pétrolière

Le secteur pétrolier et gazier devra plafonner les émissions aux niveaux actuels, puis les réduire de 38 % d’ici 2030. Les détails de ce plafond sont en cours d’élaboration, avec plus de détails attendus l’année prochaine.

Un nouveau crédit d’impôt pour aider les producteurs de pétrole et de gaz à installer des systèmes de capture et de stockage du carbone sera l’une des mesures les plus importantes pour aider le secteur à atteindre ses objectifs. Mais l’industrie a clairement indiqué qu’elle pense que le calendrier du gouvernement est trop ambitieux.

Les transports doivent réduire leurs émissions de 11 %, principalement en remplaçant les véhicules à essence par des versions électriques.

Le réseau électrique, qui est déjà propre à environ 80 %, doit encore réduire ses émissions de 88 %, ce qui proviendra en grande partie de la fermeture des centrales électriques au charbon et de l’installation de systèmes de capture du carbone sur les centrales à gaz.

Mais le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, a affirmé mardi lors de la conférence que pour atteindre ses objectifs climatiques, le Canada doit également doubler ou tripler l’électricité que nous produisons. Et pour ce faire, dit-il, le gouvernement va devoir investir beaucoup plus dans les énergies renouvelables.

« Il va falloir que ce soit à une échelle beaucoup plus importante pour que nous puissions aller de l’avant », a-t-il souligné.

M. Trudeau ne fixerait pas d’échéancier quant au moment où le Canada commencera à voir une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre pour l’horizon 2030.

Entre 2015, lorsque les libéraux sont arrivés au pouvoir, et 2019, les émissions ont augmenté d’environ 0,7 %. En 2020, lorsque la COVID-19 a fermé de larges pans de l’économie pendant des semaines, les émissions ont finalement connu une forte baisse, une diminution de 9 % par rapport à 2019.

Les chiffres de 2021 devraient remonter, étant donné que l’économie était beaucoup plus ouverte.

Le scepticisme à l’égard de la garantie climatique de M. Trudeau est endémique parmi ses opposants politiques. Le chef conservateur Pierre Poilievre a souligné mardi lors de la période des questions que « les libéraux n’ont pas atteint une seule cible climatique depuis leur arrivée au pouvoir ».

Il a promis de réduire le prix du carbone et a déclaré que M. Trudeau était un hypocrite pour avoir facturé un supplément aux « petites vieilles » pour chauffer leur maison en hiver pendant qu’il parcourait le monde en vacances.