Alors qu'il souhaitait fermer près d'une centaine de localités et déplacer près de 65 000 personnes au début des années 70, le gouvernement du Québec a trouvé sur son chemin trois «curés en colère», dont Gilles Roy. Mort le 3 octobre à l'âge de 84 ans, l'homme est resté jusqu'à la fin un grand défenseur du milieu rural.

M. Roy a été l'une des têtes de proue des Opérations Dignité, un mouvement de résistance, mais aussi de réflexion sur l'avenir de ces petites communautés que le gouvernement jugeait non rentables. L'affaire a fait grand bruit à l'époque. «On déracinait les gens et on allait même jusqu'à brûler les maisons, rappelle Claire Bolduc, présidente de Solidarité rurale. Gilles Roy a servi de catalyseur. C'était un homme qui pensait avec sa tête, mais aussi avec son coeur. Il était à l'écoute des citoyens. Il savait que les gens avaient de bonnes idées, même s'ils n'arrivaient pas toujours à bien les exprimer face aux fonctionnaires.»

Ainsi, il a aidé les communautés à se prendre en main. «Les Opérations Dignité ont donné lieu à la mise en place d'une culture d'entrepreneuriat collectif», note Richard Lemay, du Centre de mise en valeur des Opérations Dignité.

À la même époque, M. Roy quitte la prêtrise pour épouser Jeanne St-Louis. «Nous travaillions ensemble. Il était animateur de pastorale et moi j'enseignais la religion et les mathématiques, raconte Mme St-Louis. Il n'avait jamais cru au célibat. Il a toujours dit que s'il rencontrait quelqu'un, il était prêt à laisser tomber la prêtrise.» Ils ont eu une fille, Danielle.

M. Roy a toujours poursuivi son engagement pour le développement du Bas-Saint-Laurent, même à sa retraite. «Nous avons voyagé, mais il avait toujours hâte de revenir. Il avait souvent des réunions, des congrès, des colloques», témoigne Mme St-Louis. Récemment, à l'émission Tout le monde en parlait à Radio-Canada, il continuait d'ailleurs de déplorer «l'absence de volonté gouvernementale d'aider» les petites localités de région.

M. Roy a été honoré à de nombreuses reprises au fil des ans. Il a notamment reçu la médaille de l'Assemblée nationale en 2008 et celle de l'Université du Québec à Rimouski cette année. Le 4 octobre, il devait recevoir le grand prix de la ruralité de l'Assemblée nationale. «Gilles était mal à l'aise de recevoir des hommages, c'était un homme modeste», mentionne Mme St-Louis.

Né à Saint-Arsène, près de Rivière-du-Loup, Gilles Roy a notamment été directeur général du Conseil régional de développement de l'Est-du-Québec, directeur de l'action communautaire du Centre de services sociaux du Bas-du-Fleuve et enseignant à l'UQAR. Ses funérailles ont eu lieu le 7 octobre à Rimouski.