(Ottawa) Les Canadiens n’ont toujours pas eu droit à un rapport du comité qui était chargé de signaler les incidents d’ingérence étrangère lors des dernières élections en 2021.

Le « Protocole public en cas d’incident électoral majeur » a été créé pour surveiller et signaler les menaces pouvant peser sur les élections de 2019 et avait le mandat de poursuivre son travail lors des élections futures.

En vertu du protocole, il y aurait une annonce publique si un groupe de hauts fonctionnaires déterminait qu’un incident — ou une accumulation d’incidents — menaçait la capacité du Canada à tenir des élections libres et équitables. Il n’y a pas eu une telle annonce en 2021 ou à l’élection de 2019.

Une évaluation postélectorale de la façon dont le comité a communiqué avec les Canadiens est également censée être rendue publique.

Une évaluation a été rendue publique en novembre 2020, soit environ treize mois après les élections de 2019, mais un rapport similaire pour la campagne de 2021 n’est toujours pas disponible.

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré jeudi qu’il avait hâte de voir le rapport une fois terminé, mais il a déclaré aux journalistes que la fonction publique est la mieux placée pour répondre aux questions sur les raisons pour lesquelles le rapport n’a pas été publié.

« Nous avons entendu du panel que l’intégrité électorale a été préservée », a-t-il déclaré à Halifax.

Le Bureau du Conseil privé a indiqué que le rapport « sera rendu public en temps voulu ».

Un document d’information du ministère de la Justice d’août 2021, obtenu par La Presse Canadienne grâce à la Loi sur l’accès à l’information, indique que le rapport d’évaluation sera présenté au premier ministre et aux membres du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.

« Une version publique sera également mise en forme », lit-on dans le document, qualifié de « secret ».

Les membres du comité, qui devaient travailler avec les agences de sécurité nationale dans le cadre des mandats de leurs ministères, n’ont fait aucune annonce concernant l’ingérence étrangère lors des élections de 2019 ou 2021.

Le rapport d’évaluation de 2019 a révélé que le protocole utilisé était efficace et prêt à alerter les Canadiens de l’ingérence étrangère si une situation le justifiait.

Des médias ont rapporté ces dernières semaines une possible ingérence dans les élections fédérales de 2019 et 2021. Cela a attiré les critiques des conservateurs, qui ont déclaré que le gouvernement avait laissé le public dans l’ignorance.

Un reportage du Globe and Mail a cité des documents classifiés du Service canadien du renseignement de sécurité qui indiquaient que la Chine aurait œuvré pour contribuer à faire réélire un gouvernement libéral minoritaire au Canada lors du dernier scrutin fédéral.

M. Trudeau a déclaré que le comité n’avait pas eu à faire de communications sur les élections de 2019 ou 2021 et qu’il n’avait pas soulevé de cas suggérant que l’une ou l’autre des élections avait été compromise.

« Cela ne signifie pas, et nous n’avons jamais prétendu le contraire, qu’il n’y a pas d’efforts continus de la part de pays comme la Chine pour s’ingérer dans nos démocraties », a dit le premier ministre.

« C’est quelque chose dont nous avons parlé — nous en avons parlé lorsque nous avons mis en place ces comités en 2019 », a-t-il ajouté.

Campagne de désinformation

Le Parti conservateur a déclaré qu’il était clair que le gouvernement Trudeau avait reçu des informations détaillées sur l’ingérence étrangère lors des élections de 2019 et 2021.

« Élections Canada devrait chercher à obtenir les informations de ces séances d’information afin de pouvoir mener les enquêtes appropriées », a dit Sarah Fischer, directrice des communications du parti, dans une déclaration écrite.

Le parti ne dit pas s’il a été informé d’une quelconque ingérence ou s’il a signalé une ingérence présumée avec les conservateurs ou l’un de leurs candidats.

Mais l’ancien député conservateur Kenny Chiu a déjà exprimé ses craintes que les élections canadiennes soient influencées par des gouvernements étrangers. Il a perdu son siège dans la région de Vancouver lors des élections de 2021 et affirme avoir été la cible d’une campagne de désinformation préélectorale sur les réseaux sociaux en langue chinoise.

Walied Soliman, un avocat qui a travaillé sur la campagne électorale conservatrice de 2021, a récemment déclaré sur les réseaux sociaux que le parti n’avait jamais été informé d’aucune menace contre le processus électoral. Il a également dit avoir vu « des signes clairs de falsification dans les circonscriptions avec d’importantes diasporas chinoises » qui n’ont « jamais été pris au sérieux ».

Un rapport du Canadian Election Misinformation Project, dirigé par l’Université McGill, a révélé que des affirmations fausses ou trompeuses sur les conservateurs avaient commencé à apparaître sur les plateformes en langue chinoise à la suite d’un débat des chefs en septembre 2021.

Le rapport laisse entendre que M. Chiu et un candidat du NPD fédéral ont tous deux été ciblés par des « individus et organisations favorables à Pékin » à Vancouver.

Le NPD a déclaré qu’il n’avait signalé aucune ingérence électorale et n’avait été informé d’aucune ingérence lors des élections de 2021.

Une déclaration du directeur des communications du Parti libéral, Parker Lund, n’a pas précisé si le parti avait informé le comité d’une quelconque allégation d’ingérence ou si ce dernier lui en avait signalé une, affirmant que le parti « ne commente pas les précautions de sécurité spécifiques ».