Plusieurs centaines de personnes ont défilé dans les rues de Montréal, dimanche, à la mémoire des victimes du vol PS752 abattu par des missiles iraniens. Trois ans après la tragédie, le triste anniversaire s’inscrit dans un contexte de protestations durement réprimées en Iran.

« Trois ans ont déjà passé, et nous n’avons pas vu un brin de justice », souffle Mohammad Aminnia.

Sa voix craque. L’homme s’accroche à la photo d’une femme au sourire lumineux. Elle s’appelait Masoumeh Ghavi.

« Je l’ai perdue trois jours après notre cérémonie de fiançailles », laisse tomber M. Aminnia, incapable de retenir ses sanglots.

Sa fiancée figure parmi les 176 personnes tuées dans le vol PS752 abattu par l’armée iranienne peu après son décollage de l’aéroport de Téhéran, le 8 janvier 2020.

La majorité des passagers se rendaient au Canada, après une correspondance par l’Ukraine.

Malgré le froid, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées, dimanche, pour marquer le troisième anniversaire de la tragédie.

  • Manifestation en hommage aux victimes du vol PS752 abattu par des missiles iraniens en janvier 2020.

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Manifestation en hommage aux victimes du vol PS752 abattu par des missiles iraniens en janvier 2020.

  • Mohammad Aminnia (à droite) et une autre manifestante tiennent des photos de victimes.

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Mohammad Aminnia (à droite) et une autre manifestante tiennent des photos de victimes.

  • PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

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La marche a débuté vers 13 h 30, devant l’Université McGill, et devait se terminer devant les bureaux de l’Organisation de l’aviation civile internationale, critiquée pour son inaction contre l’Iran.

« Après trois ans, nous avons besoin d’actions concrètes. La République islamique d’Iran doit être tenue responsable », plaide Mohammad Aminnia.

À l’avant de la foule, Farzaneh Fare est drapée dans le drapeau iranien de l’époque préislamique, surmonté d’un lion.

Son ami et camarade de classe a lui aussi péri dans le vol PS752. Il venait d’être accepté à la maîtrise à l’Université McGill. « C’était une personne brillante, très talentueuse et très gentille. Je ne peux même pas imaginer ce que sa famille traverse », confie Mme Fare.

Une larme roule sur sa joue.

« Ce n’est pas facile de se réveiller tous les jours avec le cœur lourd, loin de sa famille et de ses amis en Iran. Nous sommes ici pour demander à nos amis canadiens de nous aider et d’être notre voix », ajoute-t-elle.

Soutien aux femmes iraniennes

L’anniversaire de la tragédie a trouvé un nouvel élan cette année avec le mouvement de protestations qui secoue l’Iran.

Au son des tambours, les manifestants ont scandé des slogans tels que « Femme ! Vie ! Liberté ! », et « Une solution, la révolution ! ».

Au milieu de la foule, Ava Afrashteh distribue des macarons.

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Ava Afrashteh

« Nous nous battons tous pour nos frères et nos sœurs. Ce qui se passe là-bas est criminel. Cela ne devrait pas seulement concerner l’Iran, mais le monde entier », souligne-t-elle.

« Je suis là pour mes enfants. Je suis là pour la jeune génération », lance à son tour Lida Bonakdar.

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Lida Bonakdar

Des rassemblements partout au pays

Au Canada, des rassemblements étaient prévus d’un océan à l’autre – de Vancouver à Saint-Jean – afin de commémorer la tragédie.

La cérémonie officielle de l’Association des familles des victimes du vol PS752 s’est tenue à Toronto, avec une allocation du premier ministre Justin Trudeau.

Plusieurs ministres fédéraux ont assisté à l’évènement, qui a compris une allocution du premier ministre Justin Trudeau. L’évènement se conclura par une veillée à la chandelle au square Mel Lastman, situé non loin du lieu de la cérémonie.

En plus de servir d’hommages aux victimes de la tragédie, ces rassemblements ont comme objectif de pousser Ottawa à adopter une position plus ferme envers l’Iran.

Le 28 décembre, le Canada s’est joint à d’autres pays pour entamer le processus visant à soumettre le dossier du vol PS752 à la Cour internationale de justice. Le but de cette procédure est de forcer l’Iran à indemniser les familles des victimes.

Certains observateurs soutiennent toutefois que cette démarche aurait dû être entamée plus tôt et que la Gendarmerie royale du Canada aurait dû lancer une enquête criminelle pendant qu’Ottawa négociait avec Téhéran.

Le premier ministre Trudeau a par ailleurs rencontré les membres des familles endeuillées vendredi et a assuré qu’Ottawa lutterait sans relâche pour la vérité et la justice.

Avec La Presse Canadienne