Lorsque l’archiviste en chef du Centre national pour la vérité et la réconciliation, Raymond Frogner, a déniché à Rome des images d’élèves des pensionnats fédéraux pour Autochtones dans les archives des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, il savait qu’il était tombé sur quelque chose de majeur.

« Il y avait un sentiment très historique, très profond », a déclaré Raymond Frogner dans une récente entrevue avec La Presse Canadienne.

PHOTO FOURNIE PAR RAYMOND FROGNER, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Raymond Frogner, archiviste en chef du Centre national pour la vérité et la réconciliation

Peu d’archivistes sont autorisés à explorer les archives privées de l’ordre religieux à Rome, a déclaré M. Frogner, qui a passé cinq jours, au début du mois dernier, à parcourir les archives de la Maison générale oblate. Il y a trouvé des photos, des dossiers personnels et des documents manuscrits qui décrivent les activités de cette communauté religieuse à travers le monde depuis sa fondation en 1816. Et cette histoire comprend des chapitres importants au Canada.

Les Oblats ont administré 48 pensionnats fédéraux pour Autochtones au Canada, dont le pensionnat Marieval de la Première Nation de Cowessess, en Saskatchewan, et celui de Kamloops, en Colombie-Britannique, où la découverte de tombes anonymes l’an dernier a suscité des appels à la justice et à la transparence.

L’archiviste Raymond Frogner a fouillé dans les archives des Oblats et son intérêt a été piqué par ce qui se trouvait à l’intérieur d’un ensemble de tiroirs en métal. 

« Je n’ai pas été surpris outre mesure de constater que l’archiviste là-bas n’avait aucune idée de l’importance de ce qu’ils détenaient » à Rome, dit-il.

La prochaine étape consiste à travailler rapidement pour numériser ces photos, ont déclaré récemment dans un communiqué commun les Oblats et le Centre national pour la vérité et la réconciliation. Les images doivent ensuite être transférées au Centre national pour la vérité et la réconciliation, à Winnipeg.

Identifier les enfants sur les photos

M. Frogner, lui, espère maintenant travailler avec les communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis pour identifier les enfants sur les photos trouvées à Rome. 

L’archiviste avait apporté à Rome une liste de prêtres connus pour avoir commis des crimes contre des enfants dans ces pensionnats. Il a parcouru les dossiers du personnel sur les activités et les endroits où ces prêtres avaient œuvré.

Si aucun de ces documents ne contenait d’informations sur les crimes commis, certains montrent que des prêtres se déplaçaient fréquemment, qu’ils avaient parfois de la difficulté à travailler auprès des enfants ou qu’on leur conseillait de se marier et de quitter les ordres. « [L’information] était formulée en termes très vagues », souligne l’archiviste.

M. Frogner soutient qu’il n’a pas eu assez de temps pour analyser complètement ces documents. Une fois les images numérisées, il espère examiner plus en détail les archives du personnel.