(Edmonton) Le pape François est arrivé au Canada dimanche et l’on s’attend à ce qu’il demande pardon pour la façon dont des catholiques ont dirigé des pensionnats pour enfants autochtones au Canada.

Une équipe de traducteurs veillera à ce qu’aucun mot ne soit perdu pour ceux qui recevront les excuses du souverain pontife.

Henry Pitawanakwat, qui vient de Three Fires Confederacy de l’île Manitoulin, en Ontario, fait partie de cette équipe qui traduira les paroles du pape en ojibwé, une langue algonquienne.

De la fin des années 1800 à 1996, le Canada a retiré les enfants autochtones de leur foyer et les a forcés à fréquenter des établissements dirigés par le personnel de l’Église catholique, où il leur était interdit de parler leur langue.

La mère de M. Pitawanakwat était une survivante des pensionnats, ce qui, dit-il, l’a également touché. Il soutient qu’il a aussi été maltraité et traumatisé par des jésuites dans sa jeunesse.

Toutefois, c’est important pour lui de ne pas se laisser envahir par ses propres sentiments lorsqu’il traduira les paroles du pape dans une langue qui jadis entraînait une punition aux enfants qui l’utilisait.

« Je dois mettre ces sentiments de côté parce que je suis un traducteur professionnel. Je vais faire mon devoir et procéder à une traduction correcte, quel que soit le sujet discuté », a déclaré M. Pitawanakwat en entrevue à la veille de la venue du pape pour sa visite canadienne qui s’amorcera à Edmonton.

Après une expérience de conservateur au Musée canadien de l’histoire à Gatineau, au Québec, Henry Pitawanakwat est membre du Bureau de la traduction du gouvernement du Canada. Il a traduit les débats des élections fédérales en 2019 et 2021, ainsi qu’une série APTN récemment.

Le pape François, originaire d’Argentine, parle espagnol, donc un autre interprète traduira ce qu’il dit en anglais avant que M. Pitawanakwat et d’autres interprètes traduisent ces mêmes paroles en une douzaine de langues autochtones.

Des liens internet seront disponibles pour que les gens puissent écouter les traductions en temps réel.

« La langue a toujours été ma passion. J’ai toujours été intéressé par elle », a affirmé M. Pitawanakwat.

« En tant que jeune étudiant, j’ai réalisé que nous avions un concept différent et une perspective différente dans la langue », a-t-il raconté.

Traduire un évènement religieux posera des défis, précise le traducteur. Beaucoup de mots bibliques n’ont pas de mots correspondants en ojibwé. Il note toutefois que le contexte général est le même et que les prières dans les deux cultures sont essentiellement pour la même raison, soit le pardon et le lâcher-prise.

Même si Henry Pitawanakwat demeure impartial pour le processus de traduction, il espère entendre plus que de simples excuses de la part du souverain pontife.

La préservation des langues autochtones est importante, fait-il remarquer, non seulement pour se souvenir du passé, mais aussi pour se tourner vers l’avenir.

« J’aimerais voir du financement pour aider à créer des écoles d’immersion, où nous pouvons ramener notre propre langue, parce que c’est à cause des pensionnats que nous avons perdu notre langue et notre culture », a déclaré M. Pitawanakwat.

Note aux lecteurs :
Dans la version précédente de cet article, La Presse Canadienne a erronément écrit que Henry Pitawanakwat était archéologue au Musée canadien de l’histoire. Dans les faits, il a une expérience de conservateur au Musée.