(Fredericton) De plus en plus de voix s’élèvent dans les provinces maritimes pour demander que les gouvernements s’attaquent aux pénuries de main-d’œuvre dans le secteur des soins de santé, alors que plusieurs hôpitaux sont obligés de fermer leurs salles d’urgence maintenant que le personnel épuisé prend des vacances d’été pour se remettre du stress lié à la pandémie.

À l’Île-du-Prince-Édouard, les pénuries de personnel sont si graves à l’hôpital Western d’Alberton que son service d’urgence peut être contraint de fermer si une personne est en congé de maladie, a déclaré la porte-parole du Parti vert en matière de santé, Michele Beaton. Les difficultés de recrutement et de rétention du personnel de santé augmentent dans la province depuis des années, a-t-elle insisté.

Elle a rappelé que la partie ouest de la province n’avait « essentiellement pas de cliniques sans rendez-vous, donc les gens n’ont pas d’autre choix que de se rendre aux urgences ». Lorsque les urgences fermeront, a-t-elle déclaré, « les gens vont voyager plus d’une heure pour se rendre à l’établissement suivant afin d’obtenir les soins dont ils ont besoin ».

En Nouvelle-Écosse, les infirmières de la province ont exigé des mesures pour remédier aux pénuries chroniques de personnel qui, selon elles, ont été aggravées par la pandémie de COVID-19. Le syndicat des infirmières et infirmiers de la Nouvelle-Écosse indique qu’il y a environ 1400 postes vacants pour les infirmières autorisées et 250 postes ouverts pour les infirmières auxiliaires autorisées.

Le gouvernement progressiste-conservateur de la Nouvelle-Écosse s’est engagé pendant la campagne électorale à dépenser massivement pour le système de santé en difficulté de la province. Le budget de 13,2 milliards pour l’exercice 2022-2023, déposé en mars, contient 5,7 milliards pour les soins de santé, soit une augmentation de 413,4 millions par rapport aux dépenses de l’an dernier. Mais le premier ministre Tim Houston a averti les résidents de ne pas s’attendre à des changements rapides.

Depuis le 1er avril, le Réseau de santé Horizon — exploitant des hôpitaux anglophones du Nouveau-Brunswick — a embauché 11 retraités et environ 180 étudiants en sciences infirmières pour travailler cet été. Pendant ce temps, le Réseau de santé Vitalité — exploitant de ses hôpitaux de langue française — a embauché 200 étudiants en sciences infirmières.

« Nous reconnaissons les défis de la main-d’œuvre de notre système de santé, et de nombreux efforts à long terme sont en cours pour améliorer la situation », a dit le ministre du Travail du Nouveau-Brunswick, Trevor Holder, dans un communiqué. « Bien que nous réalisions des progrès significatifs, il faudra du temps pour relever pleinement ces défis. »

Les pénuries de personnel ont entraîné des fermetures intermittentes pendant la nuit de certains services d’urgence des hôpitaux. Le 24 juin, le réseau Horizon a annoncé sur Twitter qu’il connaissait une grave pénurie de personnel, et il a averti que les patients souffrant de problèmes médicaux non urgents pourraient se buter à de longs délais d’attente.

Le Dr Mark MacMillan, président de la Société médicale du Nouveau-Brunswick, a déclaré que le nombre croissant de postes vacants dans le domaine des soins de santé au Canada est préoccupant.

Nous avons vu ce problème de ressources humaines en santé venir vers nous depuis des années. La COVID-19 a certainement aggravé ce problème et révélé à quel point le système de santé était globalement fragile, pas seulement au Nouveau-Brunswick, mais dans tout le pays.

Dr Mark MacMillan

M. MacMillan a déclaré que l’action des gouvernements est nécessaire dès maintenant, mais qu’elle nécessitera une solution à long terme.

« Dans cinq, 10 ou 15 ans, quelles seront les données démographiques des patients ? Quels sont les besoins dans cette province ? De combien de médecins avons-nous besoin dans le nord du Nouveau-Brunswick, dans le sud du Nouveau-Brunswick, dans l’est et dans l’ouest ? De combien d’infirmières avons-nous besoin par unité ? Nous devons être plus proactifs », a-t-il mentionné.

Les membres du personnel du secteur de la santé sont fatigués et ont besoin d’une pause du stress de la pandémie de COVID-19, constate le Dr MacMillan.

« Les deux dernières années et demie ont été très stressantes et nous devons vraiment nous assurer que ces médecins et infirmières obtiennent leur temps libre pour leur propre santé mentale », a-t-il déclaré.