Des dizaines de personnes se sont portées volontaires pour accueillir des Ukrainiens chez elles, dans les Laurentides. Impatientes d’aider ceux qui fuient la guerre, elles attendent toujours les vols nolisés promis par le gouvernement fédéral.

« On a 60 familles qui ont demandé à accueillir des Ukrainiens chez elles », dit Line Chaloux, directrice du COFFRET, un organisme d’accueil et d’intégration des immigrants à Saint-Jérôme. « La mobilisation dans les Laurentides est magnifique, là on a 260 bénévoles qui souhaitent collaborer », ajoute-t-elle.

PHOTO FOURNIE PAR LE COFFRET

Line Chaloux et Claude Deschênes, respectivement directrice et coordonnateur bénévole du COFFRET, un organisme d’accueil et d’intégration des immigrants à Saint-Jérôme

Mais plus de deux mois après le début du conflit causé par l’invasion russe, les Ukrainiens « arrivent au compte-gouttes » au Québec, selon Claude Deschênes, coordonnateur bénévole au COFFRET. Ceux qui sont déjà arrivés l’ont fait par eux-mêmes ou avec l’aide de gens qu’ils connaissaient déjà, souvent par l’entremise des réseaux sociaux, suggère-t-il.

Louise Boulet, de Val-David, fait partie de ceux qui se sont portés volontaires pour accueillir une famille ukrainienne fuyant la guerre. Des gens du COFFRET sont passés chez elle il y a quelques semaines.

[Des gens du COFFRET] sont venus évaluer ma maison, ils sont venus m’évaluer moi, parce que bon, pour accueillir des personnes dans cette situation-là, il faut savoir dans quoi on s’embarque. Mais là, il n’y a plus rien qui bouge depuis ce temps-là.

Louise Boulet

« Nous, on attend que le ministère de l’Immigration fasse en sorte qu’il y ait des arrivants. Donc on les attend toujours, ce n’est pas de notre ressort », dit M. Deschênes, résigné. Il comprend la frustration des gens qui souhaitent aider, « mais au moins, quand ils vont arriver, on va être prêts », avance-t-il.

C’est « parce qu’ils n’ont pas d’argent pour acheter les billets d’avion », explique Mme Chaloux. « S’il y avait des vols nolisés, ils arriveraient. »

Des détails « bientôt disponibles », dit Ottawa

Ottawa a promis des options de vols nolisés pour tous ceux dont le dossier a été approuvé dans le cadre de l’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine (AVUCU). Le ministre fédéral de l’Immigration, Sean Fraser, a également annoncé le lancement d’un fonds pour financer le voyage en avion d’Ukrainiens en avril.

Lisez l’article « Le Canada lance un fonds pour financer le voyage en avion d’Ukrainiens »

Impossible toutefois de savoir quand ces initiatives verront le jour. « Les détails sur la façon dont les Ukrainiens admissibles et leurs familles peuvent accéder au programme seront bientôt disponibles », a simplement indiqué un porte-parole d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada par courriel mardi.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Omar Alghabra, ministre fédéral des Transports

Le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, a admis jeudi qu’il s’avère plus difficile que prévu d’organiser ces vols. Certains Ukrainiens ne sont plus à l’endroit où ils se trouvaient lorsqu’ils ont demandé leur visa, ce qui rend plus difficile l’organisation du transport aérien.

Plus de cinq millions d’Ukrainiens ont fui leur pays vers d’autres régions d’Europe depuis que la Russie a lancé son invasion, le 24 février.

En attendant, Louise Boulet se demande si elle ne devrait pas s’y prendre autrement que par les canaux officiels pour accueillir des Ukrainiens. « J’habite à Val-David, mais si j’habitais à Montréal, j’irais me pointer à l’aéroport le jour où un avion arrive de Varsovie, lance-t-elle. On ne veut pas non plus qu’il y ait des gens qui se retrouvent sans ressources puis sans aide en débarquant ici alors que nous, on est prêts à les aider. »

Avec La Presse Canadienne