(Ottawa) La levée de l’obligation de fournir des données biométriques pour trois cohortes de personnes qui fuient la guerre en Ukraine est un pas dans la bonne direction, mais il faut en faire davantage, soutient le Congrès ukrainien canadien. Le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, assure qu’Ottawa appuie sur l’accélérateur, et qu’il discute toujours du projet de noliser des appareils.

Ce qu’il faut savoir

  • Ottawa a aboli l’obligation de fournir des données biométriques pour certains groupes d’Ukrainiens.
  • Le Congrès ukrainien canadien accueille positivement l’allègement, mais en veut plus.
  • En deux semaines, plus de 65 000 Ukrainiens ont demandé d’être accueillis au Canada.
  • Le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, étudie toujours l’option de noliser des avions.

Depuis quelques jours, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) n’exige plus les 10 empreintes digitales, les informations biographiques et la photographie des demandeurs pour les jeunes âgés de 14 à 17 ans, les personnes âgées de 60 ans et plus ainsi que ceux dont le visa avait déjà été approuvé au préalable et qui ne possèdent donc pas de dossier d’immigration problématique.

Si le Congrès ukrainien canadien (CUC) « se réjouit » de ces assouplissements, et qu’il s’agit « d’un pas dans la bonne direction », l’organisation estime que le gouvernement ne va toujours pas « assez loin ». Dans un communiqué, son président Ihor Michalchyshyn énumère parmi ses attentes la mise en œuvre d’un plan de transition de 90 jours donnant aux réfugiés un accès à la nourriture, le logement et l’accès aux soins de santé.

Il croit aussi que le fédéral doit délier les cordons de sa bourse afin d’offrir du financement pour l’accès à des services de garde pour les enfants des familles déplacées et qu’il travaille de concert avec les provinces et les territoires pour offrir des soins de santé, « y compris des conseils sur le syndrome de stress post-traumatique pour les adultes et les enfants traumatisés par la guerre ».

« La vaste majorité des Ukrainiens qui vont arriver au Canada parce qu’ils fuient la guerre injustifiée de la Russie sont des femmes et des enfants. La plupart arriveront les mains vides. Ils doivent avoir l’assurance que leurs besoins de base seront comblés durant cette période initiale de réinstallation », a insisté dans une déclaration écrite M. Michalchyshyn.

Avions nolisés : les discussions se poursuivent

Depuis qu’il a lancé le programme d’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine, le 17 mars dernier, le gouvernement fédéral a reçu plus de 65 000 demandes d’autorisation de voyage d’urgence en provenance d’Ukrainiens et de membres de leur famille. Le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser, a affirmé jeudi que « plus de 10 000 demandes » étaient traitées chaque semaine.

Et sans avoir de « grosse annonce à faire » en ce qui a trait à la possibilité de noliser des vols, comme le gouvernement fédéral l’a notamment fait en 2015 pour accueillir des réfugiés syriens, il a souligné qu’il était en pourparlers avec les compagnies aériennes.

« Nous sommes en conversation avec Air Transat, avec Air Canada, avec toutes les compagnies aériennes et avec LOT Polish Airlines [un transporteur polonais] qui a nolisé un avion pour faire venir des personnes en Alberta. Ces discussions se poursuivent », a exposé le ministre lors d’un point de presse.

Mais l’opération n’était pas si simple qu’il n’y paraît, a-t-il insisté du même souffle : « Ce que nous constatons en ce moment, c’est que le déplacement des gens aux quatre coins de l’Europe est imprévisible et fondé sur l’endroit où ces gens peuvent se poser en sécurité pour des périodes de quelques jours ».

« Beaucoup de gens qui ont été autorisés à venir au Canada ont peut-être fourni leurs données biométriques à Varsovie, puis se sont rapidement dirigés vers l’ouest, là où ils peuvent être en sécurité. Nous n’avons pas nécessairement des centaines ou des milliers de personnes assises en attendant un avion », a noté M. Fraser, insistant aussi sur le fait que les communautés doivent aussi avoir tout en main pour les accueillir.

Le député bloquiste Alexis Brunelle-Duceppe talonne le ministre sur cet enjeu depuis un bon moment déjà.

« Ces gens-là se sont débrouillés pour fuir la guerre. Le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté doit se débrouiller à son tour pour les faire venir au Canada. Cela fait un mois qu’on dit qu’il faut des avions, quand est‑ce que le ministre va se réveiller et noliser des vols ? », s’est-il encore exclamé jeudi lors de la période de questions en Chambre.