En manque de nouvelles recrues, les Forces armées canadiennes (FAC) misent sur un changement de culture pour attirer les membres de groupes marginalisés ― et les convaincre de rester.

Après les nombreux scandales liés au harcèlement et aux abus sexuels dans les dernières années, « l’image a été un peu ternie », a reconnu mercredi la majore-générale Lise Bourgon, chef du personnel militaire par intérim, lors d’une séance d’information technique virtuelle pour faire état des mesures prises jusqu’ici par l’organisation pour devenir plus inclusive.

« La réalité est la suivante : la main-d’œuvre canadienne a changé, mais nous, les FAC, n’avons pas changé », a-t-elle résumé. Particulièrement quant à l’attraction de femmes, « nous avons vu un impact et nous devons travailler là-dessus ».

Les FAC visent à recruter 25,1 % de femmes par année. En 2021-2022, ce taux était à 14,8 %, une baisse marquée par rapport au 24,3 % de 2020-2021.

Il faut toutefois préciser que la période pandémique a pu influencer les résultats. En effet, tous types de recrues confondus, l’armée n’a réussi à recruter que 40 % de son objectif en 2020-2021, et s’enligne pour atteindre seulement 75 % de sa cible de 2021-2022.

En ce moment, les FAC sont composées à 71 % d’hommes blancs, a rappelé la majore-générale, alors que ceux-ci ne constituent que 31 % des travailleurs au pays.

Efforts de changement

La lieutenante-générale Jennie Carignan, chef de la conduite professionnelle et de la culture, a cité l’ajout de « l’inclusion dans le processus d’évaluation du rendement » des militaires, et les efforts pour « faire en sorte que tous les membres de l’équipe de défense comprennent ce qui est un comportement inclusif et ce qu’on attend d’eux » avec ce nouveau fonctionnement.

Elle a souligné le rôle central des supérieurs hiérarchiques pour « créer des milieux de travail sécuritaires » et affirmé que plusieurs ateliers de réflexion et de sensibilisation ont été organisés avec eux, en plus des consultations faites auprès des employés en général.

Elle a aussi mentionné « une gamme de nouveaux services offerts aux victimes » d’abus et des efforts pour « permettre une meilleure gestion de leurs plaintes ». Des données chiffrées n’étaient pas disponibles.

La majore-générale Bourgon a ajouté que plusieurs changements avaient aussi été apportés à la politique d’absence, notamment pour permettre de prendre congé lors de fêtes religieuses ou spirituelles autres que chrétiennes, en cas de deuil ou de violence familiale.

Elle a aussi rappelé que les FAC utilisent depuis février des noms de grades au féminin, et retiré la notice de sexe sur leurs permis de conduire depuis juin.

Elle a annoncé la future publication d’un guide sur l’inclusivité, ainsi qu’une imminente modernisation du code vestimentaire. « Le code vestimentaire existant n’était pas inclusif, a-t-elle fait valoir. Les habiletés professionnelles et la compétence ne sont pas définies par la longueur ou la couleur de ses cheveux. »

Il n’y avait pas de chiffres disponibles quant à la rétention des membres de groupes marginalisés.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.