(Ottawa) Une haute responsable du service d’espionnage du Canada affirme que l’expansion du cyberespace permet aux adversaires étrangers de voler plus facilement des secrets.

Cherie Henderson, directrice adjointe par intérim du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), a illustré son propos vendredi lors d’une conférence sur la défense en disant qu’un agent étranger n’avait plus besoin de se faufiler vers sa cible dans un bar.

Il peut être devant son clavier dans un autre pays pour tenter de localiser l’appareil personnel d’une cible canadienne sur un réseau informatique.

Dans certains cas, dit Mme Henderson, les informations glanées en ligne peuvent aider à rendre possible l’espionnage à l’ancienne en personne.

Elle dit que de nombreux pays veulent la technologie de pointe du Canada et ne veulent pas prendre le temps de la développer eux-mêmes.

« Avec l’évolution rapide de la technologie, nous assistons à un niveau de changement sans précédent dans l’environnement des menaces », a déclaré Mme Henderson lors de l’évènement de l’Institut de la Conférence des associations de défense (CAD).

« C’est devenu plus complexe, de plus en plus fluide, moins prévisible et par conséquent, cela présente plus de défis », a-t-elle souligné.

Cela signifie qu’il existe plus d’occasions que jamais de mener des opérations malveillantes en ligne.

En plus des activités criminelles telles que les attaques de rançongiciels, où les fichiers numériques sont détournés contre rançon, les pirates d’États hostiles mènent des activités illicites pour faire avancer les intérêts politiques, économiques, militaires, sécuritaires et idéologiques de leur pays, a-t-elle déclaré.

« Ils cherchent à compromettre les systèmes informatiques en manipulant leurs utilisateurs ou en exploitant les failles de sécurité. Ils veulent accéder à vos secrets commerciaux, à vos informations exclusives et atteindre d’autres objectifs en fermant peut-être certaines de nos infrastructures critiques », a expliqué Mme Henderson.

« Nous prenons cette menace très au sérieux. L’un des défis les plus importants à relever pour protéger notre infrastructure critique est vraiment le partage opportun de renseignements et la garantie que ces renseignements donnent un droit d’action », a-t-elle ajouté.

Aide à l’Ukraine

La ministre de la Défense, Anita Anand, a déclaré lors de la conférence que le Centre de la sécurité des télécommunications (CST), l’agence de cyberespionnage du Canada, partage des renseignements sur les menaces avec l’Ukraine pour l’aider à se défendre contre les cyberattaques.

Le Canada travaille avec les alliés de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) pour se préparer à de telles menaces non conventionnelles, y compris dans le cyberespace, a ajouté Mme Anand.

L’engagement du Canada envers la sécurité de ses alliés de l’OTAN est « inébranlable », a dit Mme Anand. « Et nous sommes prêts à défendre chaque centimètre carré du territoire de l’OTAN », a-t-elle ajouté.

Les remarques de Mme Anand sont intervenues un peu plus de deux semaines après le début de l’attaque à grande échelle de la Russie contre l’Ukraine, qui, selon les Nations unies, a causé au moins 549 morts parmi les civils et des destructions généralisées.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté à plusieurs reprises ses alliés, dont le Canada, à imposer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de son pays.

Le Canada a rejeté une telle avenue en raison du risque d’impliquer directement les pays de l’OTAN dans le conflit.

Le Canada s’est plutôt engagé à fournir à l’Ukraine du matériel non létal, comme des gilets pare-balles et des casques, ainsi que des millions de dollars en armes comme des mitrailleuses, des lance-roquettes et des grenades à main.

Mme Anand, qui est devenue ministre de la Défense en octobre, a décrit ses diverses priorités, y compris les efforts pour améliorer les capacités de défense continentale et assurer la souveraineté canadienne dans l’Arctique.

Les plans comprennent la mise à jour du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord, ou NORAD, forgé pendant la guerre froide pour se prémunir contre une attaque de l’Union soviétique.

« Ne vous y trompez pas », a déclaré Mme Anand, « le Canada sera à la table à court terme avec un ensemble solide pour moderniser le NORAD, un système qui assure la sécurité des Canadiens et des Américains depuis plus de 60 ans ».