(OTTAWA) La récente occupation d’Ottawa par des manifestants antigouvernementaux a changé le Canada, estime la gouverneure générale Mary Simon. Celle-ci demeure toutefois optimiste sur l'avenir.

Selon elle, les Canadiens parviendront à se rassembler de nouveau.

En entrevue à La Presse Canadienne, Mme Simon se dit très attristée par les récents événements qui ont secoué le pays, notamment la profanation du Monument commémoratif de guerre du Canada et de la tombe du Soldat inconnu.

Elle avance que les différentes opinions et les différentes expériences font du Canada un pays plus fort, à condition que tous demeurent respectueux des uns et des autres. Mme Simon convient que les Canadiens devront y porter une plus grande attention au cours des prochains mois, si ce n’est des prochaines années.

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La gouverneure générale Mary Simon

Certains organisateurs des manifestations avaient demandé à la gouverneure générale et au Sénat d’obliger le gouvernement fédéral à lever les restrictions visant à combattre la pandémie de COVID-19.

Certains ont vu cela comme un appel pour renverser le gouvernement Trudeau.

Elle reconnaît que les Canadiens sont « frustrés et contrariés par la vie différente qu’ils ont dû mener depuis plus deux ans. »

Si les manifestants voulaient protester au début contre la vaccination obligatoire, le mouvement s’est transformé au fil des jours.

Mme Simon dit qu’ils ne formaient pas une masse homogène. Pour elle, il y avait des manifestants simplement opposés à la vaccination et d’autres qui voulaient carrément renverser le gouvernement.

Le renversement du gouvernement par la force est une chose qu’on ne fait pas au Canada.

Mary Simon, gouverneure générale du Canada

La gouverneure générale dit vouloir contribuer au processus de guérison du pays. Il faudra parler à l’ensemble des gens impliqués dans les manifestations, croit-elle.

Mary Simon est reconnue pour établir des ponts entre des gens diamétralement opposés. Se disant personnellement favorable à « écouter ce que dit la Science » et à la vaccination, elle refuse de juger les manifestants.

« Je ne pense pas que quiconque a particulièrement tort. Il y a toutefois une grande divergence d’opinions sur ce qui se passe », constate l’ancienne diplomate.

Le pays doit s’appuyer sur ce qui le rassemble pour discuter de la façon avec laquelle on peut vivre ensemble.

« Je suis un pont pour les Canadiens ayant vécu des expériences différentes, se décrit Mme Simon. Encourager les différents points de vue a toujours été le noyau de mon boulot, pas seulement ici à Rideau Hall, mais tout au long de ma vie professionnelle. »

Un coup de téléphone de la G.G.

Mary Simon en a récemment surpris plus d’un en les appelant directement au téléphone, une idée de la CBC qu’elle a tant aimé qu’elle a décidé de poursuivre l’expérience.

Elle espère ainsi souffler un vent de « ajuinnata » sur l’esprit des Canadiens. Ce mot signifie en inuktitut « ne jamais abandonner et se lancer dans l’action ».

« La bonté doit être un mode de vie. C’est vraiment important. Même quand on est en désaccord avec quelqu’un, on doit rester aimable. »

Résolument optimiste, Mary Simon croit que le fossé entre les Canadiens pourra être comblé.