Chad Martz a passé les derniers jours dans une région montagneuse de l’ouest de l’Ukraine à acheter de la nourriture et des fournitures de base pour ceux qui ont fui leur foyer en raison de l’invasion russe du pays.

Mais le citoyen canadien, qui est en Ukraine depuis des mois en raison de son travail avec une organisation d’aide de la Colombie-Britannique, évite lui-même de se déplacer ailleurs au pays.

« La zone dans laquelle je me trouve […] n’a reçu aucune attaque, donc elle est restée relativement calme », a-t-il déclaré vendredi lors d’un entretien téléphonique.

« La situation va devoir être assez draconienne pour que l’on quitte. Nous sommes en très bonne position pour fournir les soins indispensables aux personnes qui laissent tout derrière », a-t-il fait valoir.

M. Martz, sa femme ukrainienne et leur fille adolescente se sont rendus en Ukraine en juillet dans le cadre de leur travail avec Hungry For Life, un groupe d’aide établi à Chilliwack, en Colombie-Britannique. M. Martz a indiqué qu’il se rendait régulièrement en Ukraine depuis 18 ans.

Les bombardements continus de routes et de ponts depuis que la Russie a commencé son invasion de l’Ukraine cette semaine ont rendu difficile pour les gens de se déplacer de la capitale du pays, Kiev, et d’autres régions de l’est et du nord de l’Ukraine vers la région où se trouve M. Martz, dans les montagnes des Carpates, a-t-il indiqué.

Mais le nombre de personnes cherchant un abri n’a cessé d’augmenter, a-t-il affirmé, notant que les personnes arrivant dans sa communauté sont hébergées dans des églises locales qui ont eu besoin d’aide pour s’approvisionner.

« Nous ne faisons qu’entrer pour fournir les ressources — nourriture, couvertures, literie, matelas — afin qu’ils puissent s’occuper de ceux qui arrivent », a-t-il déclaré.

« Cela change à peu près d’heure en heure, hier (jeudi), ils étaient comme 60 (personnes) et puis cela a monté jusqu’à 130. Et maintenant, il y a quelques heures, il y avait 200 personnes qui arrivaient. Ça ne cesse de monter en flèche. »

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a déclaré vendredi que plus de 50 000 réfugiés ukrainiens ont quitté leur pays en moins de 48 heures et que de nombreux autres se dirigent vers ses frontières.

M. Martz a déclaré que la plupart des expatriés cherchaient des moyens de sortir d’Ukraine ou de se déplacer à l’intérieur du pays vers des endroits plus sûrs, tandis que d’autres ont choisi de s’abriter chez eux.

Un porte-parole d’Affaires mondiales Canada a déclaré qu’environ 800 Canadiens vivaient actuellement en Ukraine selon un service d’enregistrement pour les Canadiens à l’étranger, mais il pourrait y en avoir plus, car l’enregistrement est volontaire.

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré jeudi que son gouvernement avait organisé un passage sûr pour les citoyens canadiens et les résidents permanents fuyant l’Ukraine aux frontières terrestres du pays avec la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie et la Moldavie.

« Nous délivrons de toute urgence des documents de voyage pour les Canadiens touchés, les résidents permanents et les membres de leur famille immédiate, a déclaré M. Trudeau. Nous lançons une nouvelle ligne téléphonique dédiée à toute personne au pays ou à l’étranger ayant des questions d’immigration urgentes liées à l’Ukraine. »

Mykhailo Vynnytskyi, qui est né et a grandi au Canada, mais vit en Ukraine depuis 20 ans, a déclaré que lui et sa famille avaient cherché refuge dans une zone rurale au sud de Kiev.

L’homme de 51 ans était chez lui à Kiev avec sa femme et ses quatre enfants adolescents lorsque des amis ont tendu la main pour dire que la famille devrait envisager de quitter la ville jeudi matin, peu de temps après le début de l’invasion des troupes russes. M. Vynnytskyi a déclaré que le chaos s’est emparé de la ville vers 7 h 30 alors que les habitants commençaient à fuir.

« Nous avons entendu des jets passer au-dessus de nous, mais nous avons estimé que nous étions relativement en sécurité […] Nous avons décidé d’attendre que le trafic se calme », a déclaré M. Vynnytskyi dans une entrevue jeudi.

La famille est partie en fin d’après-midi et s’est rendue en voiture à leur résidence d’été à environ 120 kilomètres au sud de Kiev. Le trajet prend normalement environ une heure et demie, mais avec tout le trafic, cela leur a pris près de quatre heures, a dit M. Vynnytskyi.

« Quiconque a eu l’opportunité de partir, il y avait de bonnes chances qu’il parte », a-t-il confié.

M. Vynnytskyi a déclaré qu’il avait pu rester en contact avec sa mère et son frère qui vivent au Canada.

L’auteur et professeur s’est dit fier de ce que les forces armées ukrainiennes ont pu faire jusqu’à présent, mais a déclaré que le pays avait besoin de plus d’aide.

Pour l’instant, sa famille prend les choses au jour le jour.

« Nous n’avons jamais eu une guerre aussi proche, donc il y a parfois une certaine appréhension et peur […] mais en fin de compte, ce n’est pas quelque chose qui nous étonne », a-t-il déclaré.

« Nous nous préparions à ce que quelque chose comme ça se produise. Nous n’étions pas exactement prêts à avoir cette ampleur, mais une invasion était à nos portes depuis environ un mois. »