(Ottawa) Le gouvernement fédéral a officiellement lancé un concours pour l’achat de drones armés après près de deux décennies de délais et de discussions sur la pertinence pour le Canada d’acquérir ces armes controversées.

Une demande formelle de propositions a été faite vendredi auprès des deux entreprises présélectionnées pour soumissionner sur le contrat de 5 milliards, qui pourrait voir les Forces armées canadiennes lancer une flotte de véhicules aériens sans pilote au cours des prochaines années.

Un contrat formel n’est pas attendu avant un an ou deux, tandis que la livraison du premier drone n’est pas prévue avant au moins 2025, le dernier devant arriver au début des années 2030.

La demande ne précise pas le nombre d’appareils que le gouvernement envisage d’acheter et laisse plutôt aux deux entreprises le soin de dire comment leurs offres satisferont les besoins de l’armée tout en profitant à l’économie canadienne.

Le document révèle que les drones seront établis à la 14e Escadre Greenwood en Nouvelle-Écosse et à la 19e Escadre Comox en Colombie-Britannique, tandis que le centre de contrôle principal sera dans la région d’Ottawa. Yellowknife est également identifié comme emplacement d’opération avancé.

L’équipe pour les drones comprendra environ 240 membres de l’Aviation royale canadienne, dont 55 à Greenwood, 25 à Comox et 160 à Ottawa.

Bien que la livraison ne soit pas attendue avant des années, le fait que les militaires aient atteint cette étape représente une avancée majeure après près de 20 ans de travail pour identifier et acheter une flotte de véhicules aériens sans pilote pour effectuer la surveillance du territoire canadien et soutenir les missions à l’étranger.

Mis à part l’achat d’un petit nombre de drones temporaires non armés pour la guerre en Afghanistan — qui ont tous été retirés depuis — l’armée n’a jamais été en mesure de faire beaucoup de progrès sur une flotte permanente.

Et ce malgré le fait que les drones jouent un rôle de plus en plus important dans les armées du monde entier. Un rapport publié dans la Revue de l’Aviation royale canadienne à la fin de 2015 indiquait que 76 armées étrangères utilisaient des drones et 50 autres les développaient.

Une raison majeure : aucun gouvernement fédéral n’avait autorisé l’ajout de drones comme équipement permanent au sein de l’armée au même titre que les escadrons d’avions de chasse ou d’hélicoptères jusqu’à ce que le gouvernement libéral les inclue dans sa politique de défense de 2017.

Préoccupations quant à leur utilisation

Le gouvernement et l’armée affirment que l’avion sans pilote sera utilisé pour la surveillance et la collecte de renseignements ainsi que pour effectuer des frappes aériennes ponctuelles sur les forces ennemies dans des endroits où le recours à la force a été approuvé.

Certains ont déjà critiqué la décision d’acheter des drones armés en raison de préoccupations quant à leur utilisation potentielle au Canada et plusieurs rapports de frappes aériennes par d’autres pays, en particulier les États-Unis et la Russie, ayant causé des dommages involontaires et des victimes civiles.

Le gouvernement a également peu parlé des scénarios dans lesquels la force pourrait être utilisée, y compris si des drones pourraient être déployés pour des assassinats. Les responsables ont suggéré qu’ils seraient utilisés de la même manière que les armes conventionnelles telles que les avions de combat et l’artillerie.

« Alors que les (drones) seront un système à moyenne altitude et longue endurance avec une capacité de frappe de précision, ils ne seront armés que lorsque cela sera nécessaire pour la tâche assignée », a déclaré vendredi le ministère de la Défense.

« En tout temps, l’emploi de la capacité de frappe de précision respectera le droit des conflits armés, ainsi que toute autre loi nationale ou internationale applicable. L’usage de la force sera appliqué conformément aux règles d’engagement applicables aux Forces armées canadiennes », a ajouté le ministère.