(Ottawa) Les libéraux fédéraux ont présenté un projet de loi omnibus qui accorderait des congés de maladie à certains travailleurs et punirait quiconque harcèle des employés de la santé.

D’un seul coup, les libéraux cherchent à régler deux problèmes révélés par la pandémie, tout en augmentant la pression politique sur les conservateurs à la Chambre des communes et leurs homologues dans les assemblées législatives provinciales.

Le projet de loi accorderait 10 jours de congé de maladie payé aux travailleurs sous réglementation fédérale, qui représentent un petit pourcentage de l’ensemble de la main-d’œuvre canadienne.

Selon les estimations du gouvernement, 586 000 travailleurs du secteur privé sous réglementation fédérale n’ont pas accès à un congé de maladie aussi long, ce qui crée un écart dans le filet de sécurité sociale qui, selon les libéraux, doit être comblé.

« À un moment donné, il y aura probablement une autre pandémie. Lorsque cela se produira, nous devons être prêts », a déclaré vendredi le ministre du Travail, Seamus O’Regan.

« Il serait irresponsable de notre part, je pense, de la part du gouvernement fédéral, de ne pas prendre une position de leader et de protéger ces travailleurs et leurs familles là où nous le pouvons », a-t-il ajouté.

Les libéraux prévoient de pousser les provinces et les territoires à reproduire ces congés dans leurs codes du travail, qui couvrent les 94 % restants de la main-d’œuvre du pays de près de 20,6 millions de personnes.

Dans un communiqué, le chef du NPD, Jagmeet Singh, a critiqué les libéraux pour ne pas avoir mis en œuvre la mesure assez rapidement, affirmant que les travailleurs de première ligne en avaient besoin il y a plus d’un an.

Certaines provinces ont également été critiquées pour avoir agi trop lentement, ce qui, selon le président d’Unifor, Jerry Dias, signifie que certains travailleurs ont été malades au travail par peur de ne pas être en mesure de payer les factures.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a mis en garde contre l’imposition de nouveaux coûts aux petites entreprises qui se rétablissent encore de la pandémie, affirmant que de nombreuses entreprises pourraient fermer définitivement ou réduire leurs effectifs pour gérer leur situation financière.

Deux nouvelles infractions dans le Code criminel

En même temps, la loi créerait deux nouvelles infractions dans le Code criminel : une pour toute personne menaçant un travailleur de la santé, une personne qui aide un travailleur de la santé à exercer ses fonctions ou une personne essayant d’accéder à des services de santé, et une autre pour toute personne prise en train d’entraver l’accès à un établissement de soins de santé.

Il est déjà illégal de faire l’une ou l’autre, mais les libéraux veulent augmenter la peine maximale de cinq à 10 ans de prison et permettre aux juges d’invoquer un établissement de soins ou une victime liée au système de santé comme facteur de détermination de la peine.

« Ce type de comportement est odieux et inacceptable, surtout à un moment où l’accès aux services de santé est plus critique que jamais », a déclaré le ministre de la Justice, David Lametti.

M. Lametti a également souligné que les dispositions du projet de loi couvriraient les situations dans les cliniques d’avortement, un enjeu que le Parti libéral a utilisé pour s’en prendre aux conservateurs d’Erin O’Toole lors des récentes élections.

La Dre Katharine Smart, présidente de l’Association médicale canadienne, a demandé aux députés d’examiner rapidement le projet de loi, affirmant qu’une action législative est nécessaire pour empêcher des altercations évitables qui, pendant la pandémie, ont inclus des manifestations anti-vaccination à l’extérieur des hôpitaux.

Les libéraux souhaitent que les mesures soient adoptées à la Chambre des communes avant la levée des travaux pour les Fêtes à la mi-décembre, ce qui représente un délai serré en l’absence d’un accord entre les partis pour accélérer le projet de loi dans le processus législatif normal.

« Je serais abasourdie et très déçue s’il n’y avait pas un consensus unanime pour protéger les travailleurs de la santé dans ce pays avec ce projet de loi », a déclaré Linda Silas, présidente de la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et d’infirmiers.

« Nous ne faisons pas de politique ici. Nous parlons de la sécurité de ceux qui prennent soin de nous », a-t-elle ajouté.