(Ottawa) Le Canada veut développer une stratégie nationale de lutte contre la haine avec l’aide de son envoyé spécial pour la préservation de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme.

Pour ce faire, Ottawa prévoit pérenniser le poste d’envoyé spécial et renforcer son mandat en y ajoutant davantage de ressources.

Le premier ministre Justin Trudeau en a fait l’annonce mercredi lors de sa participation virtuelle au Forum international sur la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme, à Malmö, en Suède.

« Nous devons attaquer de front le problème de l’antisémitisme tous ensemble avec des efforts à la fois plus insistants et plus ciblés parce que l’antisémitisme n’est pas un problème que la communauté juive doit régler toute seule », a déclaré M. Trudeau aux participants du forum.

« C’est un défi que tout le monde doit relever et particulièrement les gouvernements », a-t-il ajouté.

L’ancien ministre libéral de la Justice Irwin Cotler a été nommé au poste d’envoyé spécial en novembre 2020 pour faire progresser la sensibilisation à l’Holocauste et lutter contre l’antisémitisme au pays et dans le monde.

M. Cotler faisait partie de la délégation canadienne présente au forum. Il a soutenu que la stratégie nationale du Canada était une étape nécessaire afin d’appuyer les juifs dans la lutte contre l’antisémitisme.

Dans une déclaration, il a qualifié cette future stratégie d’« essentielle » pour bâtir une culture démocratique ainsi que pour faire la promotion et pour assurer la protection des droits de la personne et la dignité humaine.

Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), qui représente les Fédérations juives du Canada, réclamait depuis des années qu’un poste comme celui de M. Cotler soit créé de manière permanente.

Par voie de communiqué, le président du CIJA, Shimon Koffler Fogel, a remercié le gouvernement d’être un allié dans la lutte contre l’antisémitisme et s’est dit heureux de voir Ottawa mettre en œuvre la suggestion de l’organisme de rendre permanent le rôle d’envoyé spécial.

B’nai Brith Canada, une organisation juive de défense des droits de la personne, affirme avoir enregistré 2610 incidents antisémites l’année dernière, un record pour une cinquième année consécutive.

Devant le forum, Justin Trudeau a reconnu qu’il était profondément inquiet de constater une hausse des actes antisémites au Canada et ailleurs dans le monde. Il a comparé ce symptôme au « canari dans la mine du mal ».

En juillet dernier, le gouvernement fédéral a été l’hôte d’un Sommet national sur l’antisémitisme, où Irwin Cotler a mis de l’avant des idées pour combattre le phénomène. Parmi ses suggestions, il a proposé de bonifier les ressources en éducation sur l’Holocauste et l’antisémitisme. Il a aussi soumis la possibilité de rehausser les mesures de sécurité et de protection des institutions juives, incluant synagogues, écoles, centres communautaires et lieux de commémoration.

Mercredi, Justin Trudeau a promis de travailler avec les communautés juives du pays pour concevoir la stratégie nationale. B’nai Brith Canada a confirmé son intention de collaborer avec le gouvernement.

Le premier ministre canadien a profité de sa tribune pour appeler les autres gouvernements de la planète à reconnaître et adopter la définition de l’antisémitisme telle que rédigée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, comme le Canada l’a fait en 2019.