(Ottawa) Un groupe de contrôle des armes à feu exhorte Justin Trudeau à nommer un nouveau ministre pour faire avancer les promesses libérales en la matière.

Dans une lettre au premier ministre Justin Trudeau, le groupe PolySeSouvient appelle à la nomination d’un ministre qui « soutient réellement le contrôle des armes à feu ».

PolySeSouvient a souvent exprimé sa frustration face aux efforts des libéraux pour renforcer les lois sur les armes à feu, dirigé ces dernières années par Bill Blair, le ministre de la Sécurité publique et ancien chef de police de Toronto.

Le groupe comprend des étudiants et des diplômés de l’École Polytechnique de Montréal, où un homme armé a tué 14 femmes en 1989.

Alors que Justin Trudeau assemble un nouveau cabinet, PolySeSouvient affirme que tout député qui a publiquement défendu le projet de loi C-21, parrainé par Bill Blair plus tôt cette année, « ne serait pas digne de confiance » pour assurer le contrôle des armes à feu.

Le projet de loi proposait un rachat d’armes à feu récemment interdites que le gouvernement considère comme des armes d’assaut, mais aurait permis aux propriétaires de les conserver selon des conditions strictes, une partie du projet que le groupe a vivement critiquée.

Au cours de la récente campagne électorale, les libéraux ont promis d’obliger les propriétaires d’armes à feu interdites, dont le Ruger Mini-14 utilisé lors du féminicide de Polytechnique, à les revendre au gouvernement ou à les rendre inopérantes, et ce aux frais du gouvernement fédéral.

M. Trudeau a profité de la promesse faite par les conservateurs dans leur programme électoral d’abolir l’interdiction d’une grande variété d’armes à feu imposée par les libéraux afin de revoir la Loi sur les armes à feu avec la participation de la police, des propriétaires d’armes à feu, des fabricants et du public.

Le chef conservateur Erin O’Toole avait modifié cette promesse à la mi-campagne en indiquant que les armes à feu illégales resteraient interdites, mais il n’avait pas précisé si cela pourrait changer.

Le projet de loi C-21 aurait également donné aux municipalités le pouvoir d’interdire les armes de poing. Les libéraux ont promis pendant la campagne d’étendre ce pouvoir aux provinces et territoires. Ce plan n’est toujours pas à la hauteur pour ceux qui, comme PolySeSouvient, veulent une interdiction nationale de ces armes afin d’éviter un ensemble de lois différentes sur la question.

« Nous sommes convaincus que les Canadiens, dont les votes ont été clairement influencés par la question, s’attendent, comme nous, à une action rapide et audacieuse pour renforcer nos lois sur les armes à feu », indique une lettre du 24 septembre adressée au premier ministre Justin Trudeau.

Cette lettre est signée par la porte-parole de PolySeSouvient, Nathalie Provost, qui a été blessée lors du féminicide de Polytechnique, et par Heidi Rathjen, diplômée de l’école et coordinatrice du groupe.

M. Trudeau a déclaré cette semaine qu’il prévoyait de nommer les membres du prochain cabinet le mois prochain, alors qu’une nouvelle session du Parlement est prévue pour l’automne.

PolySeSouvient affirme qu’un mandat clair, l’appui du public ainsi que les appuis du NPD et du Bloc québécois devraient permettre au gouvernement de répondre aux attentes des Canadiens en matière de contrôle des armes à feu.

« Il ne reste plus qu’à nommer un ministre à la hauteur de la tâche. »

Le groupe exhorte Justin Trudeau à nommer un membre du cabinet qui agira sur les priorités, notamment :

  • Des consultations significatives auprès des chefs et représentants de la police, des organismes de lutte contre la violence conjugale, des spécialistes de la santé publique et de la prévention du suicide, des juristes, des organisations de victimes, des chasseurs et des magasins d’armes à feu ;
  • La mise en œuvre du programme de rachat « dans les plus brefs délais » étant donné que l’amnistie pour les propriétaires actuels prend fin le 30 avril prochain ;
  • L’interdiction de nombreux modèles non visés par la réglementation ;
  • Une nouvelle définition légale des armes à feu « prohibées » pour rendre permanente l’interdiction de diverses armes à feu ;
  • La suppression d’échappatoires et exceptions liées aux chargeurs pour assurer le respect universel des limites légales du nombre de coups ;
  • Une amélioration de l’accès de la police aux registres des ventes pour permettre la collecte de données sans mandat de perquisition afin que les agents puissent mieux retracer l’origine d’une arme à feu sans restriction et détecter des tendances telles que les achats de masse.

Selon Mme Provost, il n’y a eu « aucun progrès réel » sur le contrôle des armes à feu au cours des six dernières années parce que les mesures libérales étaient trop timides, contrairement à la législation complète du gouvernement chrétien d’il y a un quart de siècle.

« C’est ce qui doit fondamentalement changer », a-t-elle déclaré. « Et pour que cela se produise, nous avons besoin d’un ministre qui n’a pas peur d’agir avec audace, quelque chose que nous n’avons pas vu depuis qu’Allan Rock était ministre de la Justice dans les années 1990 ».