(Ottawa) Justin Trudeau a évité mardi d’expliquer pourquoi il avait fallu plus de 12 heures aux Forces armées canadiennes pour confirmer qu’un hélicoptère militaire s’était abîmé au large de la Grèce mercredi dernier.

Le premier ministre n’a pas non plus précisé à quel moment il avait appris que des militaires canadiens horrifiés, à bord d’une frégate, avaient vu l’appareil s’abîmer en mer.

« L’armée a mis en place des protocoles très importants en cas d’incident tragique comme celui-ci visant à informer le plus proche parent, à parler aux familles le plus rapidement possible avant de partager des informations avec le grand public », a simplement déclaré le premier ministre.

L’hélicoptère Cyclone, qui transportait six militaires canadiens, s’est abîmé le 29 avril dans la mer Ionienne. Des responsables de la défense ont indiqué que l’hélicoptère regagnait alors son navire d’attache, la frégate Fredericton, à l’issue d’une mission de formation de l’OTAN. Les restes de la sous-lieutenante Abbigail Cowbrough ont été rapidement retrouvés alors que les corps des cinq autres occupants de l’hélicoptère n’ont jamais été récupérés. Les restes d’une autre personne ont été retrouvés, mais n’ont pas encore été identifiés.

Les militaires ont d’abord indiqué que le Fredericton avait perdu le contact avec l’équipage du Cyclone. L’armée n’a confirmé l’accident que le lendemain, après la porte-parole de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). À ce moment-là, le gouvernement et l’état-major ont continué de suggérer que le Fredericton avait d’abord perdu le contact avec le Cyclone ; ils n’ont jamais mentionné que des militaires à bord du Fredericton l’avaient vu s’abîmer en mer.

« Vers 18 h 52, le navire a perdu le contact avec l’équipage de l’hélicoptère et quelques minutes plus tard, des fusées éclairantes ont été vues dans l’eau », déclarait le 30 avril le général Jonathan Vance, chef d’état-major de la défense, flanqué du premier ministre Trudeau et du ministre de la Défense, Harjit Sajjan. Or, le ministère de la Défense a confirmé lundi que plusieurs témoins à bord du Fredericton avaient vu l’hélicoptère s’abîmer en mer.

Les militaires ont refusé à plusieurs reprises de dire à quel point le Cyclone était proche du Fredericton lorsqu’il s’est abîmé. Le contre-amiral Craig Baines, commandant des Forces maritimes de l’Atlantique, estimait vendredi dernier que l’accident avait eu lieu « à moins de trois kilomètres » de la frégate.

Une équipe d’experts, qui comprend un représentant de Sikorsky Aircraft, le constructeur du Cyclone, enquête actuellement sur les circonstances entourant l’accident. Les enregistreurs des données de vol et des conversations de la cabine de pilotage ont tous les deux été récupérés en mer et sont déjà au Canada pour être analysés.

Les militaires organiseront mercredi une « cérémonie d’adieu » à la base de Trenton, en Ontario, pour accueillir les restes d’Abbigail Cowbrough et honorer la mémoire des six militaires morts dans l’accident. Cette cérémonie spéciale devrait réunir la famille et les amis des six victimes : la sous-lieutenante Cowbrough, le sous-lieutenant Matthew Pyke, les capitaines Brenden Ian MacDonald, Kevin Hagen et Maxime Miron-Morin (de Trois-Rivières), et le caporal-chef Matthew Cousins.