Statistique Canada se penche pour la première fois sur les conditions de vie des réfugiés syriens accueillis au Canada en 2015 et 2016 en raison de la guerre faisant rage dans ce pays depuis 2011. Évaluant notamment combien d'entre eux avaient réussi à se trouver un boulot, l'organisme fédéral de statistiques a constaté que leur revenu moyen était équivalent à celui des autres réfugiés au pays.

Le Canada répondait à ce moment à une situation inquiétante : en 2015, la Syrie était le pays comptant la plus importante population de réfugiés déplacés dans le monde selon les critères du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

En novembre 2015, le gouvernement du Canada avait alors dévoilé un «plan visant à réinstaller 25 000 réfugiés syriens» au pays.

Ils se sont retrouvés d'un océan à l'autre.

À l'échelle provinciale, c'est en Ontario que le nombre de réfugiés syriens était le plus important, avec 10 210, suivi du Québec, qui en comptait 5295. De ce nombre, 4265 se sont posés dans la métropole et 255 dans la région de Québec.

Au moment de compiler ces données, ces réfugiés syriens n'étaient au pays que depuis un an environ. Les données plus récentes ne sont pas encore comptabilisées et seront dévoilées plus tard.

Un peu plus de la moitié des réfugiés syriens ont été pris en charge par le gouvernement (53%), les autres ayant été parrainés par le secteur privé. Les conditions de vie de ces deux groupes diffèrent, notamment parce que le gouvernement a choisi des gens plus vulnérables : ils sont donc souvent plus jeunes et moins scolarisés que ceux de l'autre groupe.

Ces gens «réinstallés» au Canada entre le 1er janvier 2015 et le 10 mai 2016 étaient en bonne partie des familles avec plusieurs enfants. Ce constat est le reflet du processus de sélection particulier du Canada en lien avec cette crise humanitaire: les familles nombreuses étaient privilégiées, alors que les célibataires avaient moins de chance d'être admis.

Par «réfugiés réinstallés», Statistique Canada fait référence à ceux qui ont été sélectionnés à l'étranger alors qu'ils étaient hors de leur pays d'origine ou de résidence habituelle, et qui ont reçu le statut de résident permanent en raison d'une crainte fondée de retourner dans ce pays.

Ainsi, il a été relevé que 85% des familles syriennes accueillies au pays étaient composées d'un couple ayant des enfants, et ces familles comptaient en moyenne 2,8 enfants.

Par ailleurs, les réfugiés syriens affichaient un taux d'emploi moins élevé que les réfugiés originaires d'autres pays, principalement parce qu'ils étaient au Canada depuis moins longtemps. Au moment du recensement de 2016, sur lequel les calculs de Statistiques Canada sont fondés, les réfugiés syriens comptaient environ quatre mois de résidence au pays en moyenne, alors que les réfugiés originaires d'ailleurs en comptaient le double en moyenne. Ces chiffres pourraient donc changer lors de la prochaine compilation des données.

«L'insertion sur le marché du travail constitue une étape importante pour les immigrants récents en général et pour les réfugiés en particulier, lesquels font face à d'importants défis en raison, notamment, de caractéristiques socioéconomiques particulières, ainsi que des conditions, souvent tragiques, qui les ont menés à quitter leur pays d'origine», est-il noté dans l'analyse.

La méconnaissance par plusieurs des langues officielles du pays rendait aussi plus difficile leur arrivée sur le marché du travail. Un peu plus de la moitié des réfugiés syriens ne connaissaient ni le français ni l'anglais au moment du recensement de 2016.

Plus précisément, environ 20% des réfugiés syriens pris en charge par le gouvernement connaissaient le français ou l'anglais, comparativement à 67% de ceux parrainés par le secteur privé.

Mais une fois ce facteur linguistique pris en compte, ainsi que d'autres différences sociodémographiques, les réfugiés syriens étaient autant susceptibles de travailler que les réfugiés en provenance d'autres pays, conclut Statistique Canada.

Le taux d'emploi était plus élevé parmi les réfugiés admis en 2015, ce qui démontre que la durée de résidence a une incidence sur le degré de participation au marché du travail, note Statistique Canada.

Et leur revenu moyen annuel est équivalent à celui des autres réfugiés, variant de 15 000 $ à 20 000 $ en 2016 pour les Syriens.

Ceux pris en charge par le gouvernement avaient un revenu annuel un peu plus élevé (20 000 $) que ceux parrainés par le privé (15 600 $). Leurs revenus annuels étaient même plus élevés que ceux en provenance d'autres pays.

En 2015, le gouvernement canadien avait annoncé un plan visant à réinstaller 25 000 réfugiés syriens au Canada avant la fin de février 2016. Après, le Canada a continué d'accueillir des réfugiés syriens, principalement au moyen du parrainage par le secteur privé. Au total, près de 60 000 ont été réinstallés au Canada depuis 2015, est-il précisé dans la note explicative des résultats.