Dame Nature, avec son humeur glaciale des derniers jours, ne met pas seulement la patience des Québécois à rude épreuve, elle donne aussi du fil à retordre aux premiers répondants, qui s'affairent à combattre ses effets. Pompiers, policiers, patrouilleurs et ambulanciers sont à pied d'oeuvre depuis que la vague de froid extrême déferle. Défis et conseils.

LE CHAUD, LE FROID

Trois incendies ont éclaté dans la métropole hier alors que des conditions de « froid extrême » sévissaient. L'eau gèle rapidement, les tuyaux se raidissent. « On doit laisser l'eau couler constamment pour éviter qu'elle gèle, sauf qu'au sol, ça vient faire de la glace et c'est dangereux pour les pompiers, ils peuvent glisser », indique le chef des opérations du Service de sécurité incendie de Montréal, Ian Ritchie. Passer du chaud au froid solidifie aussi les vêtements des sapeurs-pompiers. Leur peau devient aussi plus sensible. « C'est pour ça qu'on sonne plus rapidement les alarmes, pour avoir plus de personnel sur les lieux et alterner. »

Conseil : Si vos tuyaux sont gelés, appelez un professionnel. L'incendie qui a ravagé un bâtiment de six logements dans Verdun hier a été causé par un occupant qui tentait de dégeler ses tuyaux.

PELLETER POUR ENTRER

Les services d'Urgences-santé ont eu à jongler avec un volume d'appels d'environ 15 % plus élevé que d'habitude hier. Près de 120 ambulances circulaient dans les secteurs de Montréal et de Laval pour répondre « à plusieurs accidents de la route » et quelques chutes.

« Ce sont des conditions difficiles pour les paramédicaux. C'est important de rappeler aux citoyens, par exemple, de tenir leur entrée déneigée. Souvent, les paramédicaux doivent pelleter pour avoir accès à la porte parce qu'il y a de la neige. Il peut aussi y avoir de la glace dans les escaliers. Ça complexifie notre travail », explique la chef des opérations, Valérie Tremblay.

Conseil : Prudence avec les systèmes de chauffage d'appoint. Hier, les paramédicaux ont dû intervenir pour une personne incommodée par du monoxyde de carbone.

CAA-QUÉBEC À PIED D'OEUVRE

CAA-Québec prévoyait avoir atteint hier quelque 12 000 « services rendus » à ses membres sur les routes de la province. En fin de journée, le service d'assistance avait déjà surpassé le nombre de 9600 appels reçus en 24 heures mercredi. Dans huit cas sur dix, CAA-Québec intervient pour ranimer la batterie d'une voiture en panne. Quelque 1100 véhicules sillonnaient les routes avec à leur bord autant de patrouilleurs. « Nos patrouilleurs sont habitués à ce genre de conditions, ils ne doivent pas néanmoins faire plus de 10 heures d'affilée », précise la porte-parole Annie Gauthier. « Ce sont de grosses journées pour eux, c'est un appel après l'autre. »

Conseils : Ne laissez pas votre véhicule inutilisé pendant plusieurs heures, faites-le rouler. Rangez la voiture dans le garage si possible et branchez-la à un chauffe-moteur. Gardez votre réservoir d'essence bien rempli.

DANGERS SUR LES ROUTES

La Sûreté du Québec a dû intervenir à de nombreuses reprises sur les routes du Québec hier. Plusieurs collisions et sorties de route ont notamment été causées par le froid intense qui rendait la chaussée glissante. C'est ce qui a provoqué un carambolage impliquant huit véhicules dans la réserve faunique des Laurentides, sur la route 175. L'accident n'a causé que des blessures mineures à quelques personnes.

C'est que même si la voie est déneigée, il reste que par froid extrême, les conditions routières demeurent difficiles. « Si la chaussée est plus froide, il y a moins d'adhérence au niveau des pneus. C'est important de garder une bonne distance et de réduire notre vitesse », explique le porte-parole de la Sûreté du Québec Stéphane Tremblay.

Conseils : Conservez des vêtements chauds et des couvertures dans la voiture et assurez-vous d'avoir une bonne réserve de lave-vitre.

LE SPVM « MOBILISÉ »

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ne lésine pas sur les moyens et augmente sa présence quand un froid sibérien sévit. « On a vraiment plusieurs équipes mobilisées avec différentes responsabilités », indique le porte-parole Manuel Couture. L'Équipe mobile de référence et d'intervention en itinérance (EMRII) était notamment sur le terrain hier pour s'occuper des sans-abri.

Les membres de la section Antiterrorisme et mesures d'urgence étaient aussi déployés « pour faire des vérifications des haltes-chaleur », ajoute l'agent Couture. Urgences-santé a indiqué hier en fin de journée ne pas avoir eu à intervenir pour venir en aide à des individus souffrant d'hypothermie avancée.

Conseil : N'hésitez pas à vous « tenir au chaud » en vous rendant dans des ressources appropriées ou des haltes-chaleur.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Pompiers, policiers, patrouilleurs et ambulanciers sont à pied d'oeuvre depuis que la vague de froid extrême déferle sur le Québec.