Après six ans d'attente et l'injection de 11 millions de fonds publics, la saga du Kathryn Spirit, un cargo abandonné près de Beauharnois depuis 2011, est sur le point de se dénouer.

La Garde côtière canadienne a annoncé, lundi matin, que les travaux qui mèneront au démantèlement du navire ont débuté et qu'ils devraient être complétés d'ici septembre prochain.

Le site devrait ensuite retrouver son état d'origine en octobre 2019.

En entrevue à La Presse canadienne, Julie Gascon, commissaire adjointe pour la région du Centre et de l'Arctique pour la Garde côtière canadienne, explique que la protection de l'environnement est au coeur de cette opération complexe.

Le site ne devrait conserver aucune trace de cet épisode houleux, assure-t-elle.

Mme Gascon souligne que les travaux pour colmater les ouvertures décelées dans le navire ont déjà débuté.

Le cargo sera ensuite être entièrement décontaminé avant le début de la phase de démantèlement. «Toutes les matières dangereuses doivent être enlevées et disposées selon les règlements en vigueur», mentionne Mme Gascon.

Plusieurs produits dangereux ont déjà été répertoriés à bord du navire, notamment de l'amiante, des biphényles polychlorés (BPC), des produits de nettoyage, des huiles et des graisses. On soupçonne aussi la présence de plomb, de mercure, de gaz carbonique comprimé, d'organoétains, de cadmium, de chrome hexavalent et de matériaux radioactifs.

Ces produits sont contenus principalement dans la machinerie qui propulsait le navire, mais aussi dans les matériaux utilisés à l'époque pour la construction des bateaux.

Le démantèlement débutera ensuite à l'arrière du navire. Les «super structures», qui sont les parties visibles du cargo, seront les premières à être enlevées.

«Ensuite, on va aller de l'arrière du navire à l'avant en le coupant en morceaux et en disposant des matériaux en fonction des réglementations en vigueur», détaille Mme Gascon.

La Garde côtière canadienne assurera une surveillance accrue du site pendant toute la phase du démantèlement pour s'assurer qu'aucun produit dangereux n'entre en contact avec l'environnement marin.

Pour l'instant, Mme Gascon prévoit que le budget d'un peu plus de 11 millions prévu pour l'opération sera respecté.

En octobre dernier, Ottawa avait annoncé l'octroi du contrat à Kathryn Spirit DJV, une coentreprise formée d'Excavation René St-Pierre inc. et d'Englobe Corp.

Lorsque l'épave aura complètement disparu, l'entreprise devra retirer le remblai construit pour stabiliser le bateau l'hiver dernier et nettoyer les lieux pour le remettre dans son état d'origine, soit avant l'amarrage du bateau en 2011.

Le Kathryn Spirit, construit en 1967, n'a plus de propriétaire depuis 2015, moment à partir duquel Ottawa a été saisi du dossier.

Le navire, qui effectuait autrefois du transport de marchandises, avait été remorqué à Beauharnois en 2011 par le Groupe St-Pierre qui voulait le démanteler dans le Saint-Laurent, pour le vendre ensuite à la ferraille. Ce projet avait toutefois été rejeté par la province et les résidants de la région.

Le navire avait ensuite été vendu à une entreprise mexicaine qui devait le démanteler au Mexique, mais qui a déclaré faillite.

Depuis la saga du Kathryn Spirit, Ottawa a adopté des mesures, contenues dans son Plan de protection des océans, pour éviter que de tels événements se reproduisent.