Gabrielle Bouchard rejette les critiques de ceux qui lui reprochent de ne pas pouvoir diriger la Fédération des femmes du Québec (FFQ) en tant que transgenre.

La première présidente trans de l'histoire de la FFQ prône une vision du féminisme qui suppose un combat pour toutes les femmes dans la société et parmi les femmes elles-mêmes, a-t-elle confié en entrevue avec La Presse canadienne.

Depuis sa récente élection, Mme Bouchard a dû affronter plusieurs critiques dans les médias et sur le web de la part de gens qui ne la croient pas capable de comprendre réellement l'expérience féminine puisqu'elle était de sexe masculin à sa naissance.

La principale intéressée estime que ses détracteurs assument ainsi que toutes les femmes vivent les mêmes expériences.

Pourtant, a-t-elle fait remarquer, il est impossible pour n'importe quelle présidente de saisir la réalité de toutes les femmes, peu importe son sexe à la naissance.

Elle croit que les arguments de ce type sont toujours utilisés contre des populations historiquement marginalisées, dont les gais, les lesbiennes et les trans.

«Si la présidente avait été une femme blanche, de la classe moyenne ou élevée, qui parle français, on n'aurait jamais demandé à cette personne-là si elle serait en mesure de représenter les femmes de classe moyenne, en situation de pauvreté, en situation de handicap, ou les femmes racisées», a-t-elle soutenu.

«Cette conversation-là est importante, parce qu'elle permet de remettre les pendules à l'heure et de montrer comment on vise toujours les groupes marginalisés.»

Mme Bouchard a expliqué que sa vision du féminisme consistait à n'abandonner personne dans la lutte pour l'égalité, dont celles qui sont exclues du mouvement féministe lui-même.

«On reproduit au sein de nos mouvements les mêmes schèmes de discrimination qu'on dénonce à l'extérieur», a-t-elle souligné.

La FFQ représente quelque 300 organisations féministes dans la province, ainsi que 700 membres individuels.

Gabrielle Bouchard succède à Mélanie Sarazin, qui dirigeait la fédération depuis 2015, avant de démissionner en 2017.