Les résidants de Fort McMurray se sont donné rendez-vous dans un parc de la ville dès l'aube mercredi, pour marquer de façon la plus détendue possible, dans les circonstances, le premier anniversaire du terrible incendie de forêt qui a consumé une partie de la municipalité.

L'événement commémoratif relativement sobre - mêlant séances de yoga et de danse, service de crêpes, acupuncture ou méditation - a débuté à l'aube mercredi et devait durer jusqu'au crépuscule.

La première ministre de l'Alberta a aussi payé une petite visite à Fort McMurray, mercredi. Rachel Notley a assuré les citoyens et les leaders de la communauté que la province est toujours derrière eux. Elle a par ailleurs salué la résilience des résidants, dont certains ont tout perdu dans la tragédie.

L'incendie, d'abord un feu de broussailles commun déclenché le 1er mai, devait finalement s'étendre rapidement jusqu'à cette ville champignon, construite pour accueillir les travailleurs des sables bitumineux du nord-est de l'Alberta. Deux jours plus tard, l'intensité du brasier forçait l'évacuation de toute la ville - environ 80 000 habitants jetés en quelques heures sur les routes enfumées. Le feu aura finalement détruit près de 1600 bâtiments de Fort McMurray, dont 2580 unités d'habitation.

Melissa Blake, mairesse de la municipalité régionale de Wood Buffalo, qui comprend Fort McMurray, a estimé mercredi que la ville se relève et que la belle saison ranimera la reconstruction. Mme Blake prévient cependant que la convalescence sera longue.

Souvenirs tenaces

Jessica Hetherington avait pris congé, mercredi, pour passer cette difficile journée avec des concitoyens. Enceinte à cette époque il y a un an, elle est aujourd'hui maman d'un petit garçon de huit mois. La femme de 34 ans tenait mercredi à braver le temps frisquet sur «Fort Mac» pour participer à une séance de yoga en plein air.

Sa maison n'a pas été détruite par le brasier, mais Mme Hetherington soutient que les souvenirs sont toujours envahissants - presque autant que lors du retour à la maison, en juin dernier. Les résidants en parlent encore régulièrement puisque la tragédie a touché tout le monde, à des degrés divers.

Le pompier Sam Samson, qui était venu commémorer la tragédie avec quelques amis, mercredi matin, explique que les simples images d'un incendie à la télévision viennent ressasser des souvenirs douloureux. Sa femme, Marlene Gould, confie qu'elle devait s'inquiéter, en plus, pour son homme... «Parfois, je me disais que je ne le reverrais plus jamais. Mais on est passé à travers. Ça va bien. On est en sécurité, c'est ce qui compte», laisse tomber sereinement Mme Gould.

Ian Seggie, opérateur de machinerie lourde dans une exploitation de sables bitumineux au nord de Fort McMurray, ne voulait pas trop ressasser des souvenirs encore trop frais. Le bruit d'un hélicoptère ou le hurlement d'une sirène déclenche encore une petite crainte involontaire, dit-il. «Je pense que beaucoup de gens veulent passer à autre chose et aller de l'avant maintenant.»

Selon les autorités municipales, 652 permis de rebâtir avaient été octroyés au 27 avril dernier, et plus d'une trentaine de familles ont emménagé dans une nouvelle maison le mois dernier.