Le père Benoît Lacroix s'est éteint cette nuit à l'âge de 100 ans.

« Paix à son âme généreuse et subtile. Il s'est éteint avec l'oratoire à la fenêtre », a déclaré son amie de longue date, la chroniqueuse Josée Blanchette.

Théologien et historien du Moyen-Âge, Benoît Lacroix a grandi à Saint-Michel-de-Bellechasse dans une famille de cultivateurs. Entré chez les Dominicains après son cours classique, il a été ordonné prêtre en juillet 1941.

Pendant des décennies, on a pu l'entendre et lire ses textes dans divers médias. Il y a quelques mois encore, il officiait et chroniquait à Radio Ville-Marie. Pendant longtemps, il a aussi offert des textes à La Presse et au Devoir où il a signé son dernier éditorial à 95 ans, le 24 décembre 2010.

« Le père Lacroix était très généreux avec toutes les personnes qui sollicitaient son amitié. Ceux qui l'ont connu ont trouvé en lui accueil, lumière et joie. Il était un Dominicain heureux et nous perdons aujourd'hui un frère d'une grande valeur », a déclaré ce matin le père André Descôteaux, prieur provincial des Dominicains pour le Canada.

Comme auteur, coauteur ou éditeur, le père Lacroix a écrit ou fait paraître une cinquantaine d'ouvrages. Il a aussi enseigné l'histoire médiévale pendant 40 ans à l'Université de Montréal. Grand intellectuel, il a fait des études postdoctorales à l'École Pratique des Hautes-Études de Paris et à l'Université Harvard.

« Le père Benoît Lacroix a été un témoin privilégié de l'histoire récente du Québec. Grand communicateur, il n'a pas cessé, au cours des années, de nous faire profiter de sa grande sagesse », a déclaré ce matin le maire de Montréal, Denis Coderre. « Je tiens, en mon nom personnel et au nom des Montréalais, à saluer la mémoire d'un homme d'exception, d'un grand humaniste. Il nous laisse un enseignement d'une grande richesse, empreint de tolérance pour l'autre et d'optimisme », a-t-il ajouté.

En entrevue avec le chroniqueur de La Presse Yves Boisvert à l'occasion de son 100e Noël, le père Lacroix avait déclaré que l'essentiel dans la vie c'était l'amour qu'on donne « avec ses risques et ses misères ».

« À mon âge, il suffit d'un rien pour que tu lèves les pattes. Mais j'ai fréquenté beaucoup la mort en accompagnant des malades. On se retrouve dans la vérité des gens. C'est un peu vivre sa propre mort en étant avec l'autre. On l'apprivoise », avait-il confié au journaliste. « Le pire, à mon âge, c'est que j'ai perdu beaucoup de mes amis, de mes collègues d'université, et un moment donné, tu ne peux plus partager tes deuils. Mes croyances m'aident. Toutes les grandes religions proclament une suite... Je prends ça au sérieux! »

- Avec la collaboration de Louise Leduc