Dans un champ en banlieue de Sarnia, en Ontario, se trouve une grosse roue bleue entourée d'une clôture en mailles losangées. Sur une affiche accrochée à la clôture et une autre clouée à un poteau en bois, on peut lire l'avertissement suivant: pipeline à haute pression.

Tôt un dimanche matin de décembre, un trio d'activistes anti-oléoduc ont réussi à passer de l'autre côté de la clôture. Des photos les montrent en train de sourire alors qu'ils font tourner la roue, à laquelle ils se sont plus tard enchaînés.

Si la modeste manifestation n'a causé aucune blessure ou interruption de service importante, le propriétaire du pipeline - la canalisation 9 qui vient tout juste d'être prolongée et inversée afin de transporter du pétrole depuis le sud-ouest de l'Ontario jusqu'à Montréal - a estimé que ce genre d'événement soulevait de sérieuses questions.

Graham White, un porte-parole d'Enbridge, a affirmé que les sites appartenant à la compagnie établie à Calgary étaient sécurisés et surveillés afin de protéger la population et l'environnement, et que toucher à ces installations ou les saboter était très dangereux.

Il a ajouté que l'entreprise évaluait et implantait présentement des mesures additionnelles permanentes dans le but d'améliorer la sécurité de ses sites et d'éviter que des incidents semblables ne se reproduisent dans le futur.

Lindsay Gray, qui a accordé une entrevue le jour de la manif à Sarnia au nom des «défenseurs du territoire», a révélé que les militants n'avaient pas vraiment rencontré d'obstacles et que n'importe qui aurait pu faire ce qu'ils avaient accompli.

La canalisation 9 a été mise hors service pendant environ 90 minutes, le temps que les militants soient retirés du site et qu'Enbridge inspecte l'oléoduc. Même si les activistes ont soutenu être à l'origine de la fermeture du pipeline, Enbridge a indiqué que c'était elle qui l'avait fermé à distance depuis sa salle de contrôle.

Deux semaines plus tôt, un incident similaire était survenu à un autre tronçon de la canalisation 9 au Québec. Puis, au début du mois de janvier, Enbridge a dû interrompre le service pour sa canalisation 7 près de Cambridge, en Ontario, pour cause de sabotage.

Kelly Sundberg, un professeur adjoint de l'Université Mount Royal spécialisé en crimes environnementaux, déplore le recours à ces tactiques.

«C'est tellement dangereux, a-t-il dit. Ils risquent d'endommager la canalisation. Il y a beaucoup de conséquences négatives qui peuvent découler de cela, tant sur le plan de la sécurité que sur celui de l'environnement.»

À ce sujet, Mme Gray a rétorqué: «Chaque seconde que le pétrole coule dans ces pipelines, nous sommes en danger.»