Le Noël doux et pluvieux qu'a connu le Québec aura coûté cher aux stations de ski de la province, à qui le mauvais temps étalé sur trois jours aurait fait perdre un peu plus de 2 millions de dollars en achats de billets journaliers seulement.

Le chiffre, calculé par le président-directeur général de l'Association des stations de ski du Québec (ASSQ), Yves Juneau, démontre l'étendue des dommages que peuvent causer quelques journées de mauvais temps. Dans certaines montagnes, les journées des 24 et 25 décembre ont été les pires. Ailleurs, c'est plutôt la journée de Noël et le lendemain qui ont fait mal, si bien que des stations ont été contraintes de fermer. «On a perdu deux jours sur les 14 de la période des Fêtes, donc c'est près de 15%», a fait valoir Yves Juneau.

Or ces 15% «perdus» frappent là où ça fait mal, car la période des Fêtes représente près d'un cinquième de l'achalandage annuel des stations de ski du Québec, selon l'ASSQ. Environ 13 millions et demi de revenus sont rattachés à la période des Fêtes dans l'ensemble du Québec, estime l'association. Encore, chaque dollar dépensé à la billetterie en génère sept dans l'économie locale, évalue Yves Juneau, qui rappelle que les skieurs dépensent souvent de l'argent en hébergement, en essence ou dans les restaurants près de la montagne. «Dans l'ensemble, ce sont donc environ 14 millions de dollars qui ont été perdus», a-t-il calculé.

Aux stations Mont-Sainte-Anne et Stoneham, on a bel et bien remarqué une chute de clientèle entre les 24 et 26 décembre. «On a eu 50% de l'achalandage de l'an dernier», a confirmé la chef de service des communications, Lisa-Marie Lacasse. «En revanche, le taux d'occupation dans la région est de 70% pour les Fêtes et le jour de l'An cette année», a-t-elle nuancé, en se référant au nombre de réservations enregistrées jusqu'ici. «C'est bon, parce que d'habitude, ce taux est de 60, 65%.»

Des pistes fermées

Reste que l'enthousiasme est rarement suffisant pour faire glisser des skis. À Sutton, en Estrie, l'ensemble des 60 pistes étaient ouvertes les 20 et 21 décembre. Le 29 décembre, il n'en restait que huit. Au lendemain de Noël, le Massif de Charlevoix et Mont-Tremblant apparaissaient comme les stations les plus choyées. Or leurs pistes n'étaient enneigées qu'à 44% et 48%, respectivement.

«On a remarqué une baisse en raison du redoux et de la pluie, qui n'ont pas aidé. L'an dernier, le 27 décembre, on avait eu une grosse tempête au Massif», s'est rappelée Katherine Laflamme, attachée de presse du Groupe Le Massif, qui compilera les données sur l'achalandage à la fin de la période des Fêtes, le 3 janvier. «Je crois que vous pouvez vous fier aux chiffres que l'ASSQ vous a donnés», a-t-elle tout de même avancé.

Déjà, l'enthousiasme des skieurs s'est manifesté pendant la fin de semaine, ont souligné Lisa-Marie Lacasse et Katherine Laflamme. Les stations de la région de Québec ont reçu entre cinq et sept centimètres de neige dans la nuit de samedi à dimanche. Et le retour du froid a permis aux canons à neige de reprendre du service partout dans la province. «Dans plusieurs stations, la priorité est d'agrandir le domaine skiable, a déclaré Yves Juneau. Le mauvais temps, ça fait mal, mais il reste du temps pour se rattraper», a-t-il ajouté.

Les températures douces et la pluie étant passées, les stations de ski espèrent désormais échapper à un autre phénomène - pourtant bien différent - qui a lui aussi fait fuir les sportifs l'hiver dernier. «L'an dernier, à la fin décembre, on a eu le vortex polaire. On a eu un jour de l'An exécrable», a rappelé Yves Juneau, optimiste pour la saison à venir.