Les avocats de l'un des trois officiers de l'armée afghane menacés de déportation après s'être enfuis d'un exercice au Massachusetts affirment que celui-ci s'est vu refuser le droit d'entrer au Canada lorsqu'il s'est présenté à la frontière pour y réclamer le statut de réfugié.

Le capitaine Mohammad Nasir Askarzada a un oncle vivant à Montréal, mentionnent les avocats, ce qui aurait dû faire en sorte qu'il ne soit pas concerné par un traité vieux de 10 ans en vertu duquel les autres officiers et lui-même ont été refoulés aux douanes. 

Selon des défenseurs des droits des réfugiés, l'affaire vient cimenter leurs pires craintes à propos de l'Entente entre le Canada et les États-Unis sur les tiers pays sûrs, adoptée en 2004, qui a grandement réduit le flot des chercheurs d'asile arrivant au Canada par les États-Unis. Selon eux, les règles sont appliquées de façon inégale et ont fait en sorte que certaines personnes sans dossier criminel, comme les officiers afghans, demeurent derrière les barreaux aux États-Unis, en plus de risquer des procédures de déportation qui pourraient entraîner leur mort.

Au dire de l'avocate canadienne de M. Askarzada, Razmeen Joya, les règles sont si compliquées que «même les avocats doivent se tenir au courant des changements». Me Joya réclame la réouverture du dossier de ce soldat âgé de 28 ans.

L'Entente entre les États-Unis et le Canada exige que les gens cherchant à obtenir l'asile aux postes-frontière canado-américains en fassent la demande dans le pays où ils sont d'abord arrivés, avec quelques exceptions.

Le fait de disposer d'un proche vivant au Canada serait l'une de ces exceptions, affirme Me Joya. Celle-ci mentionne pourtant que les services frontaliers n'ont pas contacté l'oncle en question pour vérifier les dires du soldat lorsque les trois hommes ont franchi un pont reliant l'État de New York à l'Ontario le 22 septembre.

Aux Services frontaliers, la porte-parole Esme Bailey a indiqué que l'agence ne commentait pas les cas individuels.

Les trois Afghans ont été arrêtés par des agents américains et sont détenus dans une prison fédérale à l'extérieur de Buffalo, d'où ils contestent les démarches de Washington pour les déporter en raison d'une violation de leurs visas. S'ils sont considérés aptes à la déportation, ils risquent fort de réclamer le statut de réfugié aux États-Unis. Ces soldats disent avoir été menacés par les talibans pour s'être entraînés et avoir combattu aux côtés des troupes américaines, et craignent d'être tués s'ils rentrent en Afghanistan.