Postes Canada veut cesser presque complètement de livrer le courrier à domicile d'ici à cinq ans. Depuis que cet objectif a été rendu public, la société de la Couronne s'est attiré de vives critiques de la part d'élus, surtout municipaux. Retour sur les fondements de cette petite révolution de la boîte aux lettres.

Pourquoi cesser de livrer le courrier à domicile?

Une raison simple: chaque année, le volume de courrier distribué au Canada diminue, et les coûts engendrés par sa distribution augmentent d'autant. L'avènement des factures virtuelles, du courrier électronique et des services bancaires en ligne a réduit le nombre d'enveloppes qui atterrissent chaque jour dans les boîtes aux lettres. «Nous devons apporter des changements pour assurer l'avenir des services postaux pour tous sans devenir un fardeau pour les contribuables», explique Postes Canada. La société d'État croit pouvoir accomplir ce virage en cinq ans.

Qu'est-ce qu'une boîte postale communautaire?

C'est une structure métallique qui regroupe quelques dizaines de casiers individuels attribués à autant de ménages. Chacun de ces casiers est fermé à clé et ne peut être ouvert que par son propriétaire. Les boîtes postales communautaires comportent aussi des compartiments plus grands destinés aux colis.

Combien de familles seront affectées par ces changements?

Environ 5 millions de ménages devront changer leurs habitudes. Postes Canada estime que «les deux tiers des Canadiens et des Québécois reçoivent leur courrier à travers une méthode centralisée: que ce soit au bureau de poste, dans une boîte postale communautaire ou dans une boîte commune dans l'entrée d'un immeuble résidentiel», selon la porte-parole Anick Losier. Elle souligne que, depuis 1985, la majorité des nouveaux lotissements de banlieue sont munis de boîtes postales communautaires.

Certaines adresses sont-elles exclues de ce plan?

Postes Canada affirme que les résidences pour personnes âgées et les immeubles résidentiels où le courrier est livré dans l'entrée pourront toujours jouir de la livraison directe. Les résidants de zones très rurales qui ont une boîte aux lettres au bout de leur entrée échapperaient aussi au changement. Du côté des entreprises, celles qui reçoivent beaucoup de courrier ou qui sont situées dans des zones commerciales denses recevront toujours la visite d'un facteur.

Les personnes à mobilité réduite ou à la santé chancelante pourront-elles profiter d'une exception?

La semaine dernière, Postes Canada a évoqué la possibilité que ces personnes doivent fournir un billet de médecin afin que le courrier leur soit livré à la porte. Cette hypothèse a suscité la colère de plusieurs maires. «Je trouve immonde et même stupide le fait de commencer à demander des billets de médecin à des gens à mobilité réduite pour qu'on puisse leur livrer le courrier, a par exemple affirmé le maire de Montréal Denis Coderre. J'espère que, du côté d'Ottawa, la ministre va intervenir.»

Postes Canada installera-t-elle des boîtes communautaires au centre-ville de Montréal?

«Le centre-ville de Montréal pose un défi particulier, admet Anick Losier. On va le faire en dernier.» La société d'État étudie diverses options pour les zones où il serait impossible d'installer des boîtes postales communautaires, comme l'installation de boîtes dans un commerce.