Des membres de la communauté canado-ukrainienne et des députés de l'opposition ont lancé un appel au gouvernement Harper, mercredi, afin qu'Ottawa durcisse les sanctions contre Kiev en réaction à la violente répression des manifestations agitant le pays depuis l'an dernier.

Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, avait annoncé mardi que les hauts représentants ukrainiens seraient dorénavant interdits de séjour au Canada. Cette décision a été annoncée alors que de violents affrontements entre forces de l'ordre et manifestants ont toujours lieu en Ukraine.

Quelques dizaines de personnes ont manifesté à Ottawa mercredi pour exprimer leur solidarité avec les protestataires ukrainiens. Ils ont appelé le gouvernement de Stephen Harper à aller au-delà des mesures symboliques, et à imposer des sanctions économiques à l'endroit de la classe politique de l'Ukraine.

Le premier président à avoir été élu après l'indépendance ukrainienne, Leonid Kravtchouk, a prévenu que son pays était sur le point de sombrer dans une guerre civile. Il a exhorté les parlementaires à agir de façon responsable alors qu'ils débattent de la pertinence d'accorder ou non l'amnistie aux manifestants qui ont été incarcérés.

Le président actuel, Viktor Ianoukovitch, a déclaré que l'amnistie devait être conditionnelle au démantèlement des barricades dans les rues de la capitale et au départ des manifestants occupant les édifices gouvernementaux.

Les manifestations ont éclaté quand le président Ianoukovitch a refusé de signer une entente avec l'Union européenne, choisissant plutôt un accord avec la Russie. Le mouvement s'est depuis transformé en plaidoyer pour un respect accru des droits de la personne, moins de corruption et plus de démocratie dans ce pays de 45 millions d'habitants. Au moins cinq personnes ont perdu la vie dans les affrontements et plusieurs bureaux gouvernementaux du pays ont été occupés par des manifestants en colère.

À Ottawa, les manifestants ont mis en garde le gouvernement canadien, affirmant qu'il faudrait éviter de pénaliser la population ukrainienne si des sanctions économiques étaient bel et bien imposées contre Kiev.

Le député néo-démocrate Paul Dewar a interpellé le premier ministre Harper, l'invitant à contacter lui-même le président Ianoukovitch pour lui signifier son mécontentement. Le président des États-Unis, Barack Obama, a déjà passé un tel coup de fil à son homologue ukrainien.

M. Dewar a aussi joint sa voix à ceux qui réclament l'adoption de mesures plus sévères à l'endroit du gouvernement Ianoukovitch. «Nous allons demander à notre gouvernement d'instaurer des sanctions économiques contre ceux qui pillent le trésor ukrainien et le sort du pays», a-t-il déclaré aux manifestants rassemblés sur la colline parlementaire. «De telles mesures doivent être mises en place afin d'envoyer un message fort.»

Le député libéral Marc Garneau a quant à lui affirmé que le Canada était solidaire avec les forces démocratiques en Ukraine.