Les sénateurs libéraux tentent de forcer la comparution en comité d'un vérificateur senior de Deloitte, qui se serait enquis auprès de ses collègues de l'audit sur les dépenses de Mike Duffy - à la demande d'un sénateur conservateur.

Mais la motion a peu de chance d'être adoptée, les troupes conservatrices majoritaires s'y opposant.

La semaine dernière, un employé de la firme de vérification comptable, Gary Timm, a admis avoir été appelé par un associé haut-placé de la compagnie, Michael Runia, qui ne travaillait pourtant pas sur le dossier.

Selon des documents divulgués par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Nigel Wright, chef de cabinet de Stephen Harper à l'époque, aurait demandé au sénateur Irving Gerstein de faire «travailler ses contacts» chez Deloitte. M. Gerstein, par ailleurs grand argentier du Parti conservateur du Canada, aurait alors contacté M. Runia, qui aurait téléphoné à M. Timm. Ce dernier assure avoir mis fin rapidement à l'appel, sans révéler d'information sensible.

Le leader de l'opposition au Sénat, James Cowan, a soutenu que toute cette affaire s'apparentait à une tentative de camouflage majeur et il a insisté sur l'importance d'aller au fond des choses.

«L'indépendance est la clé: celle du processus de l'audit, et franchement, celle de l'intégrité de cette Chambre», a-t-il soutenu lors du débat mardi.

Il a fait valoir que s'il était dans les souliers de M. Gerstein ou de M. Runia, il accueillerait favorablement cette occasion d'apaiser les tensions. Il a interpellé ses collègues à faire tout en leur pouvoir pour faire la lumière sur le dossier, à défaut de quoi, ils se rendront «complices de toute cette sordide affaire».

Le leader du gouvernement à la Chambre haute, Claude Carignan, s'est opposé à l'initiative libérale, répétant que la GRC enquête déjà sur l'affaire.

«Vous ne trouvez pas que vous tombez dans de la partisannerie, à vouloir essayer d'amener le témoin de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours (...) ?», a demandé M. Carignan.

La GRC soupçonne M. Wright et M. Duffy de corruption, de fraude et d'abus de confiance en raison du chèque personnel de 90 000 $ signé par l'ex-chef de cabinet du premier ministre à M. Duffy, afin qu'il rembourse des dépenses de logement illégitimes. Le paiement de ces dépenses était accompagné de pressions destinées à rendre un rapport sénatorial moins incriminant pour M. Duffy. La GRC n'enquête pas toutefois sur le sénateur Gerstein ou M. Runia.

Le vote sur la motion libérale se tiendra mercredi en fin de journée à la Chambre haute. Au comité de la Régie interne la semaine dernière, les conservateurs y siégeant avaient rejeté une motion similaire.