Un agent de la GRC du Nouveau-Brunswick qui a enfreint une directive interne de la police fédérale en fumant du cannabis médicinal alors qu'il était en uniforme a rendu sa tunique rouge de cérémonie.

Le caporal Ron Francis s'est rendu vendredi matin au quartier général de la Gendarmerie royale du Canada de Fredericton après avoir reçu l'ordre de rendre son uniforme d'apparat.

Accompagné d'une aînée de la communauté autochtone malécite, il a pleuré en rendant son uniforme. «Les membres de la GRC ne sont pas des agneaux sacrificiels pour le gouvernement ou l'organisation», a-t-il dit.

«Ce sont des êtres humains, qui ont le droit d'être protégés lorsqu'ils vont au travail, et d'être pris en charge par le public canadien qu'ils défendent.»

Il n'a cependant pas remis la médaille qu'il avait reçue pour ses 20 ans de service exemplaire. «Ils peuvent avoir leurs uniformes, mais ceci est ma médaille. Je l'ai gagnée avec mon sang, ma sueur, mes larmes», a-t-il ajouté.

«Je n'ai aucune tache à mon dossier. Mon seul défaut est d'avoir voulu défendre le peuple canadien.»

Selon la CBC, M. Francis, qui est chargé de tâches administratives à la GRC, a reçu ce mois-ci une ordonnance médicale pour trois grammes de marijuana par jour, afin de soigner un syndrome de stress post-traumatique. Le caporal soutient toutefois qu'il ne fume pas cette quantité, et que sa consommation n'affaiblit pas ses facultés.

Mais la GRC soutient que ses employés ne devraient pas prendre de drogues - même médicinales - lorsqu'ils sont en uniforme, car cela donnerait un mauvais exemple à la population.

Selon une déclaration transmise jeudi par le commissaire adjoint Gilles Moreau, «tout agent sous l'influence de drogues altérant l'état d'esprit n'a pas le droit d'accomplir ses tâches, y compris porter une arme à feu ou conduire un véhicule de police, puisque cela pourrait représenter un risque pour lui-même, un collègue ou le public».

Dans un courriel envoyé par la suite, la sergente Julie Gagnon a précisé que les policiers fédéraux qui ont reçu une prescription de marijuana médicale ne devraient pas porter l'uniforme d'apparat ou l'uniforme quotidien lorsqu'ils «prennent» leur médicament.

Aux yeux d'Imelda Perley, l'aînée autochtone qui a accompagné M. Francis, vendredi, la GRC n'en a toutefois pas fait suffisamment pour aider le caporal à gérer son syndrome de stress post-traumatique.

«Je crois qu'ils ont une responsabilité envers tous leurs policiers, qu'ils soient autochtones ou non, afin de leur offrir des façons de voir ce qu'ils sont réellement, et non pas ce qu'ils sont censés être», a-t-elle dit.

Pour le député conservateur Erin O'Toole, la GRC était dans son droit lorsqu'elle a ordonné au caporal Francis de rendre son uniforme d'apparat. «Je crois qu'il devrait être accommodé de façon raisonnable, et je crois que la GRC lui offrait justement cela», a-t-il déclaré.

Au dire du député, l'image des membres de la GRC en uniforme est l'une des images canadiennes les plus respectées de par le monde, et il est important de la préserver.