Des milliers de manifestants pro-vie et une vingtaine de députés conservateurs se sont rassemblés devant la colline parlementaire à Ottawa, jeudi midi. Une marche annuelle qui met en relief les divisions au sein du caucus conservateur de Stephen Harper.

La Marche pour la Vie s'est ébranlée devant le Parlement fédéral. Bien qu'il s'agisse d'un événement annuel, cette 16e édition avait signification particulière dans la capitale fédérale. Les organisateurs ont en effet choisi pour thème le « gendricide », un sujet qui a provoqué des frictions aux Communes ces dernières semaines.

Le premier ministre Harper a provoqué de vives tensions au sein de son Parti conservateur lorsqu'il a empêché le député Mark Warawa soumettre aux élus une motion qui aurait condamné l'avortement sélectif des filles. M. Warawa s'est plaint d'avoir été muselé par son propre parti au président de la Chambre des communes.

À la surprise générale, une dizaine de députés conservateurs se sont joints à la fronde. Au final, toutefois, M. Warawa a décidé de renoncer à son initiative controversée.

M. Harper a toujours refusé de rouvrir le débat sur l'avortement, même si plusieurs membres de son parti s'opposent à cette pratique.

Cela n'a pas empêché au moins 25 députés et sénateurs conservateurs de prendre part au rassemblement de jeudi.

Représailles ?

Le député conservateur Rob Anders, qui représente Calgary-Ouest, affirmé que les députés conservateurs qui s'opposent à l'avortement risquent d'être victimes de représailles. Il a appelé chaque manifestant à demander à 10 amis d'appuyer les députés pro-vie qui se soumettront à des assemblées d'investiture pour pouvoir représenter leur parti aux prochaines élections.

« Les hommes derrière moi sont montés au créneau et, ce faisant, ils se sont fait des ennemis », a déclaré le député.

Le président de la Campaign Life Coalition, Jim Hughes, dénonce l'approche « musclée » du premier ministre dans le débat sur l'avortement.

« Dans toute démocratie, les électeurs doivent pouvoir être entendus au Parlement. Pour ce faire, ils doivent travailler avec leurs députés pour faire avancer des causes qui leur sont chères. En multipliant les obstacles devant M. Warawa, on mine nos droits démocratiques, peu importe ce que vous pensez de l'avortement. »

M. Hughes estime que plusieurs Canadiens pro-vie sont déçus du gouvernement conservateur.

« Ce gouvernement n'est pas différent du gouvernement libéral qui l'a précédé, a-t-il dit. (...) C'est très frustrant qu'ils aient le droit de légiférer, mais qu'ils se traînent tous les pieds parce qu'ils ont peur de s'avancer. »