Autochtones et allochtones affiliés au mouvement de protestation Idle No More ont souligné dimanche le 250e anniversaire du Traité de Paris à leur façon, en rappelant la fin des alliances et la «dégradation des relations» qu'a entraînées la signature de l'entente qui a fait de la Nouvelle-France un territoire britannique.

Une centaine de personnes ont marché du square Phillips, au centre-ville de Montréal, jusqu'à la Place Royale, près du Vieux-Port, pour rappeler les impacts du traité de 1763, qui a notamment inspiré la rébellion du chef outaouais Pontiac contre la Couronne d'Angleterre et son commandant en chef, le général Jeffrey Amherst.

«Migwesh», a lancé la foule pour remercier la porte-parole québécoise d'Idle No More, Mélissa Mollen-Dupuis, et une femme mohawk de Kahnawake, qui ont insisté sur le désir des autochtones de bâtir de nouvelles relations avec les allochtones, elles qui n'ont fait que s'empirer depuis le Traité de Paris, selon Mme Mollen-Dupuis.

«Ce sont des rappels historiques, et non des moyens de faire en sorte que les gens se sentent mal», a-t-elle assuré. «On veut juste que les gens se souviennent qu'on n'est pas invisibles.»

En prenant l'exemple de l'opposition de Gaspé à la venue de la société d'exploration pétrolière Pétrolia dans sa ville, Mme Mollen-Dupuis a avancé que plusieurs Québécois avaient des demandes semblables, et que le temps était venu de s'allier.

«Au Canada, on parle du slogan "d'un océan à l'autre", mais pourquoi on ne serait pas solidaires d'un océan à l'autre, plutôt que d'accepter la construction d'un oléoduc d'un océan à l'autre?», a-t-elle demandé, en référence au projet de TransCanada, qui prévoit la conversion d'un gazoduc pour transporter le pétrole de l'Ouest canadien vers le Québec et le Nouveau-Brunswick.

À ses côtés, une femme mohawk a rappelé que la Place Royale était un territoire ancestral appartenant à sa nation. Puis, elle a entonné une prière dans sa langue natale, sous le regard de la foule qui profitait de la fumée de quelques feuilles de sauge, auxquelles les autochtones attribuent des vertus de purification.