Des membres des forces armées canadiennes se sont fait serrer la vis et ont reçu la consigne de garder des informations pour eux, même si celles-ci ne constituent pas une menace à la sécurité publique.

L'instruction qui leur a été donnée est connue sous le nom de CANFORGEN. Elle a été écrite l'an dernier par le commandant en chef adjoint à la suite du dévoilement, dans les médias, d'incertitudes financières qui affectaient la Défense nationale.

L'article est paru dans le Ottawa Citizen le 29 avril 2011 - quelques jours avant les élections fédérales - et il s'intéressait aux fonds non utilisés, l'argent que le ministère n'a pas été en mesure de dépenser sur de grands projets. On a reproché au texte de contenir des informations qui n'étaient pas destinées au public.

À la suite de la parution de l'article, le vice-amiral Bruce Donaldson, qui est vice-chef d'état-major de la Défense, avait ordonné que tout ce qui passe entre les mains des responsables des communications et de l'information, ainsi que les documents affichés à l'interne, soit révisé et tenu secret s'il le faut.

La directive, obtenue par La Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, prévoit que «l'information qui n'est pas susceptible d'affecter les intérêts nationaux, et donc non classifiée, soit également examinée afin de déterminer si elle peut affecter autre chose que les intérêts nationaux, en quel cas elle recevrait la classification A, B ou C».

La consigne va plus loin que la révision de l'information pour protéger ce qui est privé.

«Une information qui n'est pas risquée pour les intérêts nationaux n'est pas simplement dangereuse pour des raisons personnelles, elle peut également l'être pour l'organisation, l'administration, les finances, le bon fonctionnement du ministère, sa relation avec les organisations externes ou les opérations commerciales», y lit-on également.