«La prison de Bordeaux est devenue la décharge des autres prisons de la province et le gouvernement sera tenu criminellement responsable s'il arrive quelque chose», entre autres à cause de la surpopulation, avertit le syndicat des gardiens de prison.

Stéphane Lemaire, président du Syndicat des agents de la paix en service correctionnel du Québec (SAPSCQ), somme le ministère de la Sécurité publique d'accélérer la construction des quatre prisons promises de longue date: Sorel (en PPP), Amos, Sept-Îles et Roberval.

«Il est temps d'arrêter les photos de pelletées de terre», ironise-t-il lors de l'entretien accordé à La Presse.

Malgré notre insistance, le ministère de la Sécurité publique n'a pas réagi à ces propos ni fourni un échéancier précis de construction.

Hier, le Journal de Montréal a écrit qu'une centaine de détenus de l'aile E étaient confinés chaque jour de 8h à 16h dans une salle du sous-sol de la prison de Bordeaux à cause de travaux de nettoyage du dôme qui dureront plusieurs semaines. Les gardiens refuseraient d'aller travailler dans ce que Stéphane Lemaire qualifie de «piège à rats».

Dans un courriel envoyé à plusieurs médias, la soeur d'un détenu sonne l'alarme sur cette «situation à la prison de Bordeaux qui risque d'exploser [...]. La sécurité des détenus et celle des gardiens sont en jeu».

Le président du syndicat critique le «gouvernement qui a considéré comme prioritaire le nettoyage d'un dôme», alors que la surpopulation touche l'ensemble du système carcéral.

«Il y a une limite au ridicule», dit-il, en précisant que même si les prisonniers incarcérés à Bordeaux sont tous des condamnés à «deux ans moins un jour», «ce sont quand même des criminels, dont certains ont des dossiers épais comme la table».

Au milieu d'un chantier

Il craindrait pour la sécurité de ses membres surtout au moment où ils conduisent les détenus, le matin, dans le «piège à rats» et le soir lorsqu'ils les raccompagnent à leurs cellules, car ils doivent circuler au milieu d'un chantier. «Il y a des outils partout, ce n'est pas très sécuritaire», déplore-t-il.

Pierre Couture, directeur général adjoint des Services correctionnels du Québec, région de Montréal, parle «d'exagération».

«Il n'y a aucun danger, assure-t-il. Je reviens d'une visite dans cette salle, je n'étais accompagné que par la directrice et un chef d'unité. Chaque soir, les outils et l'échafaudage roulant sont rangés.»

Il précise que cette salle est grande comme un terrain de football et comprend de nombreux équipements sportifs ainsi que deux salles de télévision. Les détenus peuvent en sortir pour aller au parloir, à la cafétéria ou à leurs cours, dit-il.

«Effectivement, il y a eu des protestations il y a deux semaines lorsqu'on a mis en place cette mesure, reconnaît Pierre Couture, mais nous avons fait des ajustements. S'il y avait des gens encore malheureux aujourd'hui, ils me l'auraient dit.»