À cause de la popularité croissante du vin et des spiritueux, les Québécois consomment de plus en plus d'alcool. Et cette tendance à la hausse s'accentue, constate Éduc'Alcool dans une analyse obtenue par La Presse.

Selon les données de 2010, «le Québec est maintenant bien au-dessus de la moyenne canadienne avec des ventes de 8,5 litres d'alcool pur par habitant âgé de 15 ans ou plus. La moyenne canadienne est stable à 8,2 litres», précise l'organisme, qui fait la promotion de la consommation responsable d'alcool.

Les chiffres les plus récents de Statistique Canada montrent que les ventes de spiritueux ont augmenté de 41% au Québec entre 2001 et 2010. Les ventes de vin ont augmenté de 35% et celles de bière, de 3%.

Pour l'ensemble du Canada, le vin connaît une augmentation comparable (33%), alors que les ventes de bière sont stables et que celles des spiritueux affichent une hausse de 15%.

Les nouveaux produits des spiritueux ont fait augmenter les ventes, affirme le président d'Éduc'Alcool, Hubert Sacy, en entrevue à La Presse. Le cooler a obtenu une part de marché, les recettes de cocktails également. Il y a aussi les shooters, l'engouement pour le scotch, les campagnes très tendance pour la vodka...

Nous suivons la situation de très près», dit M. Sacy, ajoutant qu'«il n'y a rien pour paniquer».

Il est vrai que les spiritueux connaissent la croissance la plus importante en pourcentage au Québec, mais pas en volume absolu», dit Hugo Touchette, directeur de Bacardi Canada pour le Québec.  

Il ajoute que le Québec, qui représente 24% de la population canadienne, affiche moins de 14% des ventes de spiritueux au pays, ce qui en fait un «marché sous-développé», principalement à cause de l'accès plus facile au vin et à la bière dans les marchés d'alimentation. «Le Québec demeure de loin le dernier consommateur de spiritueux au Canada», dit M. Touchette.

Comportements excessifs

Selon M. Sacy, «la question n'est pas de savoir combien on boit, mais comment».

Pour l'écrasante majorité des Québécois, ça se passe très bien. Mais pour une minorité qui est en augmentation, ça ne se passe pas bien. En général, ce sont des gens de 25 ans et moins qui sont davantage dans la culture de la cuite que dans celle de la dégustation. C'est à eux qu'on va s'adresser dans nos prochaines campagnes.»

Par ailleurs, souligne-t-il, si on tient compte du fait qu'il y a 17% d'abstinents au Québec et qu'on reporte les ventes d'alcool seulement sur les buveurs, le Québec arrive au septième rang des provinces et retombe au-dessous de la moyenne canadienne. Car il y a proportionnellement plus d'abstinents dans le reste du Canada.

M. Sacy observe toutefois que les comportements de consommation excessive augmentent également. «Plus la consommation quotidienne augmente, plus les épisodes de consommation excessive sont nombreux», dit-il.

C'était d'ailleurs la principale conclusion d'une étude récente de l'Institut de la statistique du Québec. De 2001 à 2010, le pourcentage de personnes ayant une consommation excessive d'alcool est passé de 14,8% à 18,5%.  

Aux fins des statistiques, on juge excessive la prise de 5 consommations ou plus à une même occasion, 12 fois ou plus par année. Le fait de prendre huit consommations ou plus à cette même fréquence est jugé «dangereux».

Si la consommation excessive devient régulière, les problèmes de santé commencent à apparaître», dit M. Sacy. Les conséquences les plus fréquentes sont les maladies du foie, mais l'alcool est aussi la principale cause des pancréatites et contribue à plusieurs maladies du système digestif. L'alcool touche aussi le coeur et le système nerveux.